Deux attentats "aveugles, violents, et lâches". Le Premier ministre belge n'a pas mâché ses mots, mardi matin, lors d'une conférence de presse donnée quelques heures à peine après les trois explosions ayant frappé Bruxelles. Les deux déflagrations survenues vers 8 heures dans le hall des départs de l'aéroport international, et celle à la station de métro Maelbeek, une petite heure plus tard, "sont des attentats terroristes", a confirmé le parquet fédéral dans un communiqué.
"Nous redoutions un attentat et c'est arrivé", a déclaré Charles Michel. Ces attaques, revendiquées par l'Etat islamique dans l'après-midi, interviennent quatre jours après la capture de Salah Abdeslam, logisticien présumé des attentats du 13 novembre, à Paris, et dont deux complices, Mohamed Abrini et Najim Laachraoui, sont en fuite. La section antiterroriste du parquet fédéral a saisi trois juges d’instruction spécialisés en la matière. Selon un bilan provisoire, on compte a minima 31 morts et des dizaines de blessés. Europe 1 refait le fil des événements.
- Double explosion à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem
Vers 8 heures du matin, mardi, deux détonations retentissent dans le grand hall des départs de l'aéroport international de Bruxelles, situé dans la commune de Zaventem, dans le nord-est de la capitale belge. Certains témoins évoquent quelques minutes, voire quelques secondes à peine d'intervalle entre les deux explosions. Mais aucune d'entre elles ne s'est produite aux abords du comptoir American Airlines, contrairement à certaines informations diffusées sur les réseaux sociaux. Selon Alexandre, qui a témoigné auprès d'Europe 1, elle "s’est produite avant tous les contrôles de sécurité".
L'une des deux déflagrations a probablement été "provoquée par un kamikaze", a annoncé le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre, Charles Michel. "Un monsieur a crié en arabe. Il a crié quelques mots et j'ai entendu une grosse déflagration", raconte un employé de la sécurité des bagages de l'aéroport Bruxelles-National.
La puissance de ces explosions a fait voler en éclats les vitres et une partie du plafond s'est même effondrée, selon des témoins sur place. La panique s'est propagée dans le hall d'entrée. "Tout le monde fuyait, tout le monde trouvait un moyen pour se planquer, c'était la débandade", relate Michel, 65 ans, venu chercher un ami arrivant de Kinshasa. De nombreuses personnes ont également été grièvement blessées, en particulier au niveau des jambes.
- Un homme en fuite, "activement recherché"
Mardi après-midi, une première photo de trois hommes suspectés d'être à l'origine de l'attentat a été diffusée. Elle est issue des images de vidéosurveillance de l'aéroport. Les trois poussent chacun un chariot à bagages devant eux, sur lequel est posé un imposant sac de sport, contenant sans doute les bombes. Deux d'entre eux, vêtus de noir, ont la main gauche gantée, ce qui leur aurait permis de cacher un déclencheur d'explosifs, selon certains médias belges.
Le troisième individu, situé sur la droite de l'image et coiffé d'un bob, a pris la fuite. Il est activement recherché par la police fédérale qui a lancé un appel à témoins, mardi soir. Son engin explosif n'aurait vraisemblablement pas explosé. "Une troisième bombe n'a pas explosé", a indiqué le gouverneur de la province du Brabant Flamand, Lodewijk De Witte. Celle-ci a été détruite en début d'après-midi par une équipe de démineurs dépêchés sur place, a-t-il précisé.
- Une grosse déflagration à la station de métro de Maelbeek
A peine une heure plus tard, à une dizaine de kilomètres, une très grosse explosion touche cette fois le quartier européen de la capitale belge. Il est 9h11, c'est l'heure de pointe. La déflagration a lieu dans une rame de métro au niveau de la station Maelbeek - implantée à 300 mètres à peine de la Commission européenne. La Commission a d'ailleurs immédiatement appelé ses employés à rester chez eux ou dans leurs bureaux.
D'après la Société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB), l'équivalent de la RATP en France, une première rame a été touchée sur un métro de trois voitures. L'explosion est intervenue juste après que le métro ait redémarré en direction de la station Arts-Loi, a indiqué la STIB auprès de la RTBF. Sur place, les pompiers font place à une "situation extrêmement chaotique", a témoigné l'un d'eux.
Charles Declercq, critique de cinéma, se trouvait dans la première voiture de la rame de métro. S'il ne sait dire avec certitude si la déflagration a eu lieu dans sa rame, dans un wagon voisin ou dans la station, le journaliste a rapporté à Europe 1 : "Les vitres du métro sont tombées sur mes cuisses. La rame est plongée dans le noir, les gens crient". Il écrit sur sa page Facebook : "En arrivant à la station Malbeek, une déflagration, [...] plus de lumière, la fumée, les cris... [...] A terre, des passagers recroquevillés, que l'on discerne à peine. [...] tout est noir, rempli de fumée bleue..."
Une vidéo postée sur YouTube de l'évacuation des passagers du métro :
- Une ville paralysée, surveillance renforcée
Conséquence de ces attaques commanditées par l'Etat islamique, la capitale belge est totalement paralysée. Et le niveau d'alerte antiterroriste - jusqu'à présent au niveau 3 - est passé à son niveau maximal (4) pour l'ensemble de la Belgique, a annoncé un porte-parole du ministre de l'Intérieur, Jan Jambon. Toutes les grandes gares et tous les transports en commun sont fermés, tandis que la sécurité a été renforcée sur les sites nucléaires. L'aéroport international, où a été déclenché le plan catastrophe, sera fermé mercredi.