"Perse azéri végane, bodybuildeuse, défenseure des droits des animaux, militante pour une vie saine et humaine." Dans la case "à propos" de sa principale chaîne YouTube, Nasim Najafi Aghdam énumère ses très nombreux combats. Dans certaines vidéos ou posts sur les réseaux sociaux, elle ajoute être tantôt artiste et poète, tantôt chanteuse et productrice. Si bien qu'il est difficile de savoir à quoi ressemblait la vie "réelle" de la trentenaire, qui s'est donné la mort mardi près de San Francisco. Au siège du groupe américain YouTube, elle venait de semer la panique, tirant et blessant trois personnes, dont une est grièvement blessée.
Des vidéos prétendument "censurées". La rareté statistique aurait suffi à rendre le profil de Nasim Najafi Aghdam singulier : selon une étude du FBI, portant sur 160 événements entre 2000 à 2013, impliquant un ou des tireurs dans l'espace public aux Etats-Unis, la personne ayant ouvert le feu n'était une femme que dans… six cas, soit 3,8%. Mais les premiers éléments issus de ses comptes en ligne, ainsi que les témoignages de ses proches et connaissances, dessinent le portrait d'une femme aux nombreuses névroses, récemment obsédée par la plateforme américaine de vidéos en ligne.
The suspected shooter in today’s YouTube incident has been identified. Please see press release for details - https://t.co/Xvr2l9bB9spic.twitter.com/NEBoX3WWK5
— San Bruno Police (@SanBrunoPolice) 4 avril 2018
Sur YouTube, Nasim Najafi Aghdam avait quatre comptes, dont un en turc, un en farsi et un en anglais. Fort de quelque 5.000 abonnés et environ un million de vues, le dernier a été désactivé quelques heures après la fusillade. Sur les extraits vidéos enregistrés par les médias américains, la jeune femme apparaît longiligne, le visage émacié, entouré de cheveux noirs. "Mes dernières vidéos ont peu de vues, alors que les anciennes étaient très regardées. C'est parce qu'elles sont filtrées", assène-t-elle dans un passage capturé par The Sun. "Ils ont censuré une vidéo où je fais des abdos, alors que beaucoup de chanteurs comme Nicki Minaj filment des scènes très sensuelles." Son dernier post, datant d'il y a trois semaines, propose des "exercices de musculation pour les jambes à la maison".
Citations d'Einstein et Adolf Hitler. Sur la chaîne se trouvaient aussi, pêle-mêle, des vidéos extrêmement violentes de maltraitance animale, des citations d'Einstein et d'Adolf Hitler et des parodies de clips de Justin Bieber ou Taylor Swift, rapporte le site Heavy. Dans une interview à Vegan Idea World, isolée par le même site, quelques phrases sont attribuées à la tireuse de San Francisco. "Depuis mon plus jeune âge, je me préoccupe du sort et du bien-être des animaux, je me demande d'où vient la viande et je sais que le poulet rôti sur ma table a un jour été une poule", peut-on y lire. Au magazine, la jeune femme aurait aussi affirmé être née en Iran et avoir embrassé la religion Baha'i, issue du chiisme selon La Croix.
D'après le Telegraph, la jeune femme s'était également exprimée auprès du San Diego Union-Tribune en 2009, dans un article sur une manifestation contre les expérimentations scientifiques menées sur les animaux. "Pour moi, les droits des animaux équivalent à ceux des humains", affirmait-elle alors, des gouttes de faux sang peintes sur son jean. Sur son compte Instagram, l'Américaine posait régulièrement avec des d'animaux, notamment d'un lapin de compagnie. Il y a trois mois, un post annonçait la mort de l'animal, photo du corps entouré de fleurs à l'appui, comme repéré par le Daily Mail.
Face à cette personnalité à multiples faces, l'enquête de la police américaine s'annonce longue. Plusieurs médias américains évoquent la possibilité que l'homme grièvement blessé au siège de YouTube, âgé de 36 ans, soit le petit ami de Nasim Najafi Aghdam, ce qui pourrait constituer un mobile supplémentaire. D'autres citent son père, qui confirme qu'elle haïssait le groupe américain et avait quitté son domicile de San Diego, dans le sud de la Californie, deux jours avant la fusillade. Il avait alerté les autorités qui l'avaient retrouvée assoupie dans sa voiture, avaient procédé à un simple contrôle d'identité puis avaient appelé sa famille pour la rassurer.