L'UE et le Canada ont signé dimanche à Bruxelles leur traité de libre-échange (CETA), retardé par de vifs désaccords internes en Belgique qui rendent incertaine l'étape suivante : sa ratification obligatoire par chacun des différents Parlements des pays de l'Union.
"Quelle patience !", a lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker au Premier ministre canadien Justin Trudeau à son arrivée peu après midi au siège du Conseil de l'UE. "Les choses difficiles sont difficiles, mais on a pu réussir", lui a répondu M. Trudeau. "Bien joué !", a-t-il aussi dit au président du Conseil européen Donald Tusk. A l'extérieur du bâtiment, quelques dizaines de manifestants scandaient des slogans hostiles au CETA et brandissaient des pancartes - "Citoyens avant multinationales" -, au son de tambours. Ils ont aussi lancé de la peinture rouge.
"La substance du traité n'a aucunement changée". Le CETA, qui vise essentiellement à supprimer les droits de douane avec un pays ami, représentant 1,6% de ses importations et 2,0% de ses exportations, a fait face ces derniers jours à un emballement politique et une dramatisation des enjeux entourant sa signature. Tout est parti de Belgique, plus précisément d'une de ses régions, la Wallonie francophone (3,6 millions d'habitants), dont le Parlement a refusé d'approuver le CETA, comme l'y autorise la Constitution.
Un compromis belge est finalement tombé jeudi à la mi-journée: des déclarations réitérant des dispositions déjà incluses dans le traité, des avancées sur le mode de nomination des juges du tribunal d'arbitrage, et l'annonce par la Belgique qu'elle demandera à la Cour de justice de l'UE (CJUE) de vérifier la conformité de ce tribunal avec le droit européen. Mais "la substance du traité n'a aucunement changée", a insisté dimanche Jean-Claude Juncker.
"Une grande majorité des peuples européens sont favorables au libre-échange". Le traité doit maintenant être ratifié par les Parlements européen et canadien avant d'entrer en application partielle et provisoire. L'UE fera alors face à une autre montagne: sa nécessaire ratification par les différents Parlements nationaux et régionaux de ses Etats membres, afin qu'il devienne définitif. Une tâche qui, à la lumière du psychodrame belge, s'annonce délicate. "Une grande majorité des peuples européens sont favorables au libre-échange", a estimé la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström. "Nous devons nous engager dès le début avec les citoyens pour expliquer, écouter leurs inquiétudes, les amener à la table des négociations et s'assurer qu'il y ait plus de transparence et d'implication", a-t-elle néanmoins reconnu.