Chine et crise du Covid-19 : "L'OMS peut être sous influence de ceux qui payent le plus"

Tedros OMS Xi Jinping Chine
Tedros Adhanom Ghebreyesus, secrétaire général de l'OMS, et Xi Jinping, président chinois, fin janvier, à Pékin. © Naohiko Hatta / AFP
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Au micro d'Europe 1, dimanche, le diplomate Maurice Gourdault-Montagne pointe l'absence de "neutralité absolue" de l'Organisation mondiale de la santé, critiquée lors de la crise du coronavirus. Selon lui, cela rend l'institution totalement "insuffisante" pour lutter efficacement contre la pandémie.
ANALYSE

C'est une institution qui fut au centre de l'attention d'un monde frappé par la crise du coronavirus : l'Organisation mondiale de la santé, qui a délivré de nombreux avis sur cette pandémie responsable de plus de 750.000 morts. Mais l'OMS a également été critiquée à de nombreuses reprises. Les États-Unis ont décidé de claquer la porte de l'organisme, avançant une trop forte proximité avec les autorités chinoises. Pour le diplomate Maurice Gourdault-Montagne, ancien ambassadeur de France en Chine, elle peut "être sous influence de ceux qui payent le plus", pointe-t-il dimanche sur Europe 1.

Le constat de l'ex-secrétaire général du Quai d'Orsay (2017-2019) : "L'OMS est insuffisante" pour permettre de lutter efficacement contre le Covid-19. La raison ? "Elle édicte des normes, mais elle n'a aucun pouvoir d'intrusion, de dire à tel ou tel pays de mener ou telle action", analyse Maurice Gourdault-Montagne au micro de Charles Villeneuve dans le Grand entretien d'Europe 1. "L'OMS rapporte sur les situations telles qu'on les lui dit" et, à l'image de l'Organisations des nations unies, ne peut pas imposer à un pays de fermer ses frontières ou rendre le masque obligatoire dans ses rues, par exemple.

L'Éthiopie "dans les mains des crédits chinois"

Cette insuffisance intrinsèque se double d'accusations de trop grande proximité avec la Chine, pays d'où la pandémie est partie fin 2019. "L'OMS peut, comme certaines organisations internationales, être sous influence de ceux qui payent le plus ou de ceux qui sont politiquement les plus actifs", avance celui qui dirigea la diplomatie française en Chine de 2014 à 2017. En 2020, les États-Unis contribuent à hauteur de 116 millions de dollars au fonctionnement de l'OMS, contre 57 pour la Chine.

L'ancien "sherpa" de Jacques Chirac émet notamment des doutes sur l'impartialité de la direction de l'OMS. "La Chine a porté au poste de directeur général un Ethiopien (Tedros Adhanom Ghebreyesus, ndlr), très éminent et très respectable, mais dont le pays est largement dans les mains des crédits chinois", dénonce Maurice Gourdault-Montagne. "Ça biaise ce que devrait être la neutralité absolue de ce type d'organisation".