Des différents candidats en lice pour prendre la tête du parti travailliste, décapité depuis le 8 mai et la démission d'Ed Miliband au lendemain de son cinglant échec aux élections législatives du Royaume-Uni, personne ne l'avait vu venir. C'est pourtant lui, Jeremy Corbyn, qui a été porté à la tête du parti travailliste samedi. Favori des sondages et des bookmakers pendant la campagne des primaires, Corbyn l'a emporté avec 59,5% des voix face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, selon les résultats annoncés à Londres lors d'un congrès exceptionnel du Labour, principal parti d'opposition britannique. Qui est-il ? Portrait.
Qui est-il ? Jeremy Corbyn est né en 1949 à Chippenham (ouest) d'un père ingénieur et d'une mère enseignante dont il a adopté les positions anti-militaristes. Député de la circonscription londonienne d'Islington-Nord depuis 1983, il est le "stéréotype du gauchiste nord-londonien", selon l'hebdomadaire New Statesman. Végétarien, il ne boit pas d'alcool, cultive son propre jardin et se déplace à vélo.
Quel est son profil politique ? Mèche grise et barbe taillée court, sandales et allure de professeur à la retraite, Jeremy Corbyn n'est ni un grand orateur ni un leader charismatique. Plus proche des mouvements anti-austérité grec Syriza et espagnol Podemos que du réformiste Tony Blair, il a su séduire les sympathisants jeunes ou vieux, et les syndicats, lassés du discours du Labour qu'il juge trop tiède.
Quel est son programme ? Il veut mettre fin à l'austérité, faire payer davantage d'impôts aux entreprises et aux plus riches, re-nationaliser le rail et l'énergie. Sur le plan international, le militant pacifiste, qui prône la dénucléarisation de son pays, préconise que les mouvements islamistes palestinien Hamas et libanais Hezbollah soient partie prenante d'un règlement de paix au Proche-Orient. Il s'est, en revanche, bien gardé de prendre clairement position quant au référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne que le gouvernement conservateur veut organiser d'ici à fin 2017.
Que veut-il pour le Labour ? Il a répété jeudi après-midi que sous sa direction, le Labour "ferait passer un message alternatif radical et ambitieux". Et il s'est dit "tout à fait confiant" que le parti ferait bloc pour présenter "une opposition très forte à ce que fait le gouvernement", écartant l'idée que les députés travaillistes puissent ne pas le soutenir en cas de victoire.
Comment est-il perçu au sein du Labour ? Les idées radicales de Corbyn ont semé un vent de panique au sein de l'appareil du parti qui s'imagine, avec un tel leader, relégué dans l'opposition pour des années encore. Mais l'ouverture du vote - jusque-là réservé aux membres du parti et aux syndicats - à tout citoyen prêt à débourser trois livres joue un rôle déterminant.