Crise en Espagne : qui sont les indépendantistes catalans ?

Les indépendantistes sont issus aussi bien des classes moyennes que des classes aisées.
Les indépendantistes sont issus aussi bien des classes moyennes que des classes aisées. © AFP
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Henri de Laguérie édité par C.O. , modifié à
Parmi les indépendantistes, qui prônent une Catalogne indépendante, on trouve aussi bien des jeunes que des vieux, des classes moyennes que des classes aisées. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Depuis une semaine, un bras de fer oppose Madrid et Barcelone. Le référendum sur l'autodétermination organisé le 1er octobre par les dirigeants séparatistes en Catalogne a plongé l'Espagne dans sa plus grave crise politique depuis le retour de la démocratie en 1977.

Pas de portrait robot. Les médias évoquent les "indépendantistes" pour parler des espagnols qui prônent un Etat de Catalogne indépendant. Mais parmi eux se dessinent plusieurs profils. Les jeunes sont séduits par la sécession : ils ont fait leur scolarité en catalan, ont grandi dans une Europe sans frontière et n’ont pas de sentiment d’appartenance à l’Espagne. Mais le troisième âge, qui a connu la dictature, voit dans l’indépendance le prolongement de la lutte antifranquiste.

Des classes moyennes ou aisées. Les indépendantistes sont issus aussi bien des classes moyennes que des classes aisées. Ce sont souvent des gens diplômés, qui parlent des langues étrangères et voyagent. L’indépendantisme est en revanche très minoritaire dans les classes populaires de la banlieue de Barcelone. Enfin, géographiquement, le "oui" au référendum a enregistré ses meilleurs résultats dans les campagnes et dans le nord de la Catalogne, tout près de la France.

Une coalition pour gouverner. L'électorat est aussi hétéroclite que la coalition qui gouverne le parlement de Catalogne. Car depuis 2015, des conservateurs et des chrétiens démocrates se sont associés avec des gens de gauche pour gouverner. Pour avoir la majorité absolue cette coalition a également eu besoin du soutien encombrant d’un groupuscule d’extrême gauche, la CUP. Une formation anticapitaliste qui prône la sortie de l’Europe et réclame l’indépendance des "pays catalans", un territoire qui, selon eux, va de Perpignan à Valence en passant par les Îles Baléares et un petit bout de la Sardaigne.

La menace d'élections anticipées. "C'est un cocktail explosif. Car c'est ce parti anti-système qui a marqué la feuille de route de l'indépendantisme", analyse le politologue Gabriel Colomé. Selon lui, si l'exécutif s'est radicalisé, c'est à cause de la CUP qui menace de quitter la coalition si elle n'obtient pas ce qu'elle demande. Or le gouvernement catalan craint les élections anticipées.

Pas de projet de société. D'ailleurs, les indépendantistes sont tellement hétéroclites, qu'il est difficile de définir quel est leur projet de société. Le seul dénominateur commun de toutes ces personnes, c’est l’indépendance. Jamais il n'a été question de projet politique. Selon les séparatistes, c’est seulement une fois que la Catalogne sera un Etat qu’ils pourront réfléchir au modèle de société.