Il connaît parfaitement les terrains de guerre. Et notamment Mossoul, dont la chute est attendue depuis des semaines. Dans une interview au JDD, le général David Petraeus, ex-directeur de la CIA, l'assure : "le califat sera vaincu militairement mais continuera d'être une menace pour nos démocraties. C'est le combat d'une génération, la nôtre".
"Qu'on mettre un terme à ce bain de sang". Pour le général américain, "ce qui se passe en Syrie depuis 2011 est un Tchernobyl géopolitique qui a irradié toute cette partie du monde qui va de l’Iran jusqu’à l’Europe du Nord. Les tsunamis de réfugiés que cette guerre a déclenchés ont constitué la menace la plus grande des pays de l’Otan, une crise plus importante encore que celle de l’euro". Une fois la guerre en Syrie terminée, l'ex-patron de la CIA se refuse à imaginer un partage du pays entre les différentes forces. "Je préfère parler de constitution de zones sûres pour chacun des camps en conflit avec des lignes de cessez-le-feu. Alors oui, appelons cela des mini-partitions mais il faudra bien qu’à un moment, une fois Daech défait, on mette un terme à ce bain de sang", affirme-t-il.
Dialoguer avec la Russie, malgré les tensions. Et pour retrouver la paix en Syrie, David Petraeus estime que rien ne sera possible sans la Russie, et ce en dépit des mauvaises relations avec les Etats-Unis. "En termes d’ingérence et de propagande, les Russes ont dépassé les bornes. Ils ont prouvé leur extrême agressivité avec leurs voisins géorgien et ukrainien, avec les pays de l’Otan et en soutenant militairement un dictateur aux méthodes barbares en Syrie. (…) Mais dans le même temps, nous devons garder une relation stratégique avec la Russie, notamment parce qu’elle sera incontournable dans la résolution du conflit en Syrie.", explique Petraeus. "Ce dialogue doit s’établir en gardant les yeux bien ouverts sur ce qui relève de nos intérêts et des intérêts communs que nous partageons avec la Russie".