De Moscou à Pyongyang, qui sont les déçus de l'élection de Joe Biden ?

Futur président des Etats-Unis, Joe Biden n'a pas encore reçu les félicitations de certains dirigeants, notamment celles de Vladimir Poutine.
Futur président des Etats-Unis, Joe Biden n'a pas encore reçu les félicitations de certains dirigeants, notamment celles de Vladimir Poutine. © AFP
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Romain David
L'élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche annonce une remise à plat des relations diplomatiques qu'entretiennent les Etats-Unis avec certains dirigeants. Tour d'horizon de ces responsables politiques qui ne voient pas d'un très bon œil le départ de Donald Trump.
DÉCRYPTAGE

La victoire de Joe Biden samedi, annoncée par les médias américains après le dépouillement des bulletins dans l’Etat-clé de Pennsylvanie, a été saluée par la majeure partie des dirigeants occidentaux. "Félicitations Joe Biden et Kamala Harris ! Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis d’aujourd’hui", a notamment tweeté Emmanuel Macron. Mais l’arrivée du démocrate à la Maison-Blanche ne fait pas que des heureux chez les responsables politiques dans le monde. À Moscou, Pyongyang, ou même à Londres, on s'était accommodé de la diplomatie à l'emporte-pièce de Donald Trump, devenu dans certains cas un allié de circonstance.

Le Kremlin reste muet

Silence radio du côté de Moscou. Dimanche matin aucun message de félicitation émis par Vladimir Poutine ou adressé par la diplomatie russe n’avait été envoyé au président élu, rapporte Le Monde. Dans les couloirs du Kremlin, on se souvient que Joe Biden avait à sa charge, sous l’administration Obama, l’épineux dossier ukrainien. Le quotidien du soir évoque encore ce "passif personnel" entre le chef d’Etat russe et le démocrate, ce dernier ayant déclaré en 2011 qu’il valait mieux que Vladimir Poutine, alors devenu Premier ministre, ne retrouve jamais son fauteuil présidentiel.

Donald Trump, de son côté, a multiplié les marques d’amitié à l’égard de Poutine durant son mandat, allant même jusqu’à plaisanter avec lui au cours d’une conférence de presse en juin 2019 sur les accusations d’ingérence russe dans l’élection de 2016. Cette proximité affichée n’avait toutefois pas conduit l’administration américaine à alléger le train des sanctions infligées à la Russie.

La Corée du Nord perd l’espoir d’éventuelles "concessions" avec les Etats-Unis

"Un chien enragé" qu’il faut "battre à mort". C’est par ces mots que Pyongyang avait évoqué en novembre dernier le candidat démocrate. La raison de cette colère ? Joe Biden avait qualifié dans un clip de campagne Kim Jong-Un de "tyran". Certes, les relations entre le leader nord-coréen et Donald Trump ont aussi été marquées par de très vives tensions durant ces quatre dernières années. On se souvient des nombreux noms d’oiseaux échangés par tweets et dépêches de presse interposées, sur fond de menace nucléaire.

Pourtant, Donald Trump a été le premier président américain à rencontrer Kim Jong-Un, allant même jusqu’à traverser la frontière. Ce qui pouvait alors laisser espérer un dégel des relations diplomatiques entre les deux pays. Cité par l’AFP, l’historien russe Andrei Lankov, spécialiste de la Corée, estime que Pyongyang misait sur une réélection de Donald Trump, "dans l’espoir de lui arracher des concessions" diplomatiques. 

Londres, obligée de composer avec un nouvel allié

Avec la défaite de Donald Tump, le Premier ministre britannique Boris Johnson perd l’un des principaux partisans du Brexit à l’international. En juin 2019, lors de sa visite en Grande-Bretagne, Donald Trump avait même laissé entendre dans les colonnes du Sunday Times qu’il opterait pour un "no deal". Joe Biden, quant à lui, verrait en "BoJo" un double politique du milliardaire, "une sorte de clone physique et émotionnel" selon des propos rapportés par le site d’information américain The Hill.

L’ancien maire de Londres lui a adressé ses félicitations samedi, rappelant que les Etats-Unis étaient "l’allié le plus important" du Royaume-Uni, et allant même jusqu’à évoquer "le changement climatique" comme l’une des priorités sur lesquelles les deux pays doivent travailler ensemble. Un message qui montre que Londres, fâchée avec les Européens, ne peut pas se permettre de brusquer le futur Commander in chief.

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En France, la défiance du Rassemblement national

Chez les Français, c’est dans les rangs du Rassemblement national que l’on fait grise mine face à l’élection de Joe Biden. En 2016, le parti de Marine Le Pen s’était réjoui de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, y voyant, moins de six mois après le référendum sur le Brexit, la nouvelle manifestation d’une vague souverainiste dans les pays occidentaux. Quatre ans après avoir salué sur Twitter la victoire du milliardaire, Marine Le Pen n’avait toujours rien posté à l’intention du démocrate dimanche après-midi. 

"Trump semble avoir perdu, mais les conditions douteuses de l’élection et le parti pris médiatique pour Biden font que ce dernier n’a pas gagné !", a estimé pour sa part l’eurodéputé RN Gilbert Collard dans un tweet.

Même défiance du côté de Jérôme Larivière, qui fait partie du groupe d’élus RN qui a franchi l’Atlantique pour assister au dernier meeting de Donald Trump. "Trump a raison d’exiger que tous les bulletins légaux mais seulement les bulletins légaux soient comptés", a-t-il tweeté samedi.