"Stop état d'urgence". Des associations et syndicats ont annoncé mercredi la création du collectif "Stop état d'urgence", pour réclamer la liberté de manifester, l'arrêt des poursuites contre les militants associatifs et la fin de la "stigmatisation" des musulmans. Les responsables de plusieurs associations s'étaient réunis symboliquement à quelques mètres du Conseil Constitutionnel, alors que le projet de réforme, qui prévoit l'inscription dans la Constitution de l'état d'urgence et retient la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français condamnés pour terrorisme, a été présenté mercredi en Conseil des ministres.
Des manifestations partout en France en février. "La constitutionnalisation de l'état d'urgence est une menace pour notre démocratie", a déclaré Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au Logement. "Elle va accorder plus de pouvoir à la police et aux pouvoirs administratifs", a-t-il ajouté, craignant qu'elle soit "utilisée pour bâillonner les mouvements sociaux", et qu'elle "remette en cause les libertés fondamentales". "On a le sentiment que le gouvernement nous fait changer de régime", a-t-il ajouté, précisant que "des initiatives" seront menées courant janvier contre cet état d'urgence, qui culmineront "avec des manifestations partout en France le week-end des 6 et 7 février".
"La stigmatisation des musulmans" dénoncée. Yasser Louati, porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France a dénoncé la "stigmatisation des musulmans" depuis la mise en place de l'état d'urgence, évoquant des "perquisitions abusives" qui pendant les deux premières semaines "n'ont ciblé que des citoyens musulmans". Le CCIF traite déjà 119 dossiers liés à l'état d'urgence, a-t-il dit. Pour Patrick Henriot, secrétaire national du Syndicat de la magistrature, "le gouvernement prépare une évolution de la législation extrêmement inquiétante", qui "va lui donner des pouvoirs encore plus considérables", comme des "contrôles d'identité sans qu'ils soient justifiés", ou des fouilles de véhicules hors cadre du flagrant délit. Jean-Claude Amara de l'association Droit devant! a dénoncé "le début d'une escalade de la répression" et Mohamed Ben Said, représentant plusieurs associations issues de l'immigration, s'est dit "scandalisé par la suspicion portée sur les binationaux".