El Chapo ne "doit pas échapper à ses responsabilités", plaide l'accusation

La plaidoirie finale de l'accusation terminée, ce sera jeudi au tour de la défense, avant que le jury ne délibère vendredi.
La plaidoirie finale de l'accusation terminée, ce sera jeudi au tour de la défense, avant que le jury ne délibère vendredi. © DON EMMERT / AFP
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avec AFP , modifié à
Vendredi va s'achever le procès d'"El Chapo". Avant cela, la procureure a livré une plaidoirie de six heures dans laquelle elle a accablé le narcotrafiquant.

"Ne laissez pas (El Chapo) échapper à ses responsabilités, déclarez-le coupable de tous les chefs d'inculpation !": c'est l'appel qu'a lancé mercredi la procureure aux jurés du procès du narcotrafiquant mexicain, qui touche à sa fin à New York.

Six heures de plaidoirie. Durant plus de six heures de plaidoirie, la procureure Andrea Goldbarg a résumé pour les jurés du tribunal fédéral de Brooklyn près de trois mois de dépositions contre celui qui est devenu, après la mort de Pablo Escobar, le chef de cartel le plus connu au monde, et a réussi à s'échapper par deux fois des prisons mexicaines. "Pourquoi s'est-il échappé ? Parce qu'il savait qu'il était coupable", a-t-elle affirmé. "Parce qu'il voulait éviter d'être envoyé aux Etats-Unis (...). Parce qu'il voulait éviter de se retrouver ici, devant vous !"

"Vous avez vu les preuves". Depuis le 13 novembre, l'accusation a appelé à la barre 56 témoins, dont 14 ex-collaborateurs de Joaquin Guzman alias "El Chapo", fait entendre des dizaines de conversations téléphoniques enregistrées en secret, montré des lettres écrites en prison et des livres de compte, a souligné la procureure. "Vous avez vu les preuves : drogues, armes, livres de compte, lettres, tout cela prouve que l'accusé est coupable de tous les chefs d'accusation au-delà d'un doute raisonnable", a lancé Andrea Goldbarg aux jurés, sous le regard attentif d'El Chapo, 61 ans, et de sa jeune épouse Emma Coronel, une ex-reine de beauté de 29 ans qui a assisté à la quasi-totalité des audiences. Tout en parlant, Andrea Goldbarg faisait défiler sur grand écran des centaines de photos, des vidéos, des cartes et des textos échangés entre le narcotrafiquant et ses ex-associés.

"Distribuer autant de drogue que possible". Pour enfoncer le clou, l'accusation avait aussi disposé près des jurés un gilet pare-balles, un fusil automatique et des pains de cocaïne. "Après 25 ans, l'accusé s'était hissé au rang de principal dirigeant du cartel de Sinaloa", a fait valoir Andrea Goldbarg. "Son objectif était de distribuer autant de drogue que possible et d'engranger des millions de dollars de bénéfices".

Il risque la prison à perpétuité. La justice américaine entend bien obtenir la condamnation d'El Chapo, qu'elle accuse d'avoir supervisé l'exportation de plus de 155 tonnes de cocaïne aux Etats-Unis entre 1989 et 2014, pour des bénéfices estimés à 14 milliards de dollars. El Chapo, extradé par le Mexique vers les Etats-Unis en janvier 2017, fait face à 10 chefs d'accusation pour trafic de drogue, possession d'armes et blanchiment d'argent.  Il risque la prison à perpétuité en cas de condamnation.

Délibération du jury vendredi. La plaidoirie finale de l'accusation terminée, ce sera jeudi au tour de la défense, qui n'a cité à comparaître, brièvement, qu'un seul témoin lors de ce procès-fleuve. Les avocats du narcotrafiquant ont essayé de le présenter comme le bouc-émissaire d'un gouvernement mexicain corrompu, suggérant que son co-accusé actuellement en fuite, Ismael "El Mayo" Zambada, était le véritable patron du cartel. Le jury pourrait commencer à délibérer vendredi. La brièveté de la présentation de la défense laisse penser qu'un verdict de culpabilité pourrait être rapidement rendu.