En Grèce, les associations humanitaires se préparent à une sortie de la zone euro

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© GERARD JULIEN/AFP
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Gabriel Vedrenne et Anne-Laure Jumet, envoyée spéciale à Athènes
CRISE DE LA DETTE - Le gouvernement Tsipras va tenter de trouver un accord dimanche avec les créanciers de la Grèce. Mais si ce n’était pas le cas ? Les associations se préparent au pire.

Après six mois de négociations plus que compliquées entre la Grèce et ses créanciers, une sortie de la zone euro n’est plus à exclure. Un dernier round de négociations, censé être le dernier, est prévu dimanche, rendez-vous au cours duquel le gouvernement Tsipras et ses interlocuteurs feront tout pour éviter un "Grexit". Mais du côté des associations, on préfère anticiper le pire, au cas où.

Des associations déjà prises d’assaut. Depuis le début de la crise en 2009, le chômage a explosé pour atteindre plus de 25% de la population active. Chez les moins de 25 ans, ce taux atteint même 50%. Quant au taux de pauvreté, il dépasse les 22% alors que la moyenne au sein de la zone euro est de 16%. Les associations sont donc de plus en plus sollicitées, au point que se forment des files d’attente devant leurs locaux. C’est notamment devenu la routine devant le dispensaire de Médecins du monde à Athènes, qui accueille chaque jour entre 150 et 200 personnes venues se soigner ou recevoir une aide alimentaire.

Et qui auront du mal à gérer un nouvel afflux. Tournant à plein régime, les associations n’ont donc plus de marges de manœuvre. Autant dire qu’une sortie de la zone euro et ses conséquences sociales sont redoutées. "S’il y a une nouvelle monnaie, ce que je n’espère pas, les salaires vont baisser de moitié, donc ces gens que nous accueillons et qui ont une pension de 500 euros par mois, comment vont-ils survivre ?", s’interroge le directeur de l’association MdM, le docteur Kanakis.

Les classes moyennes seraient elles aussi impactées. Elles souffrent déjà mais demain, elles pourraient frapper aux portes de Médecins du Monde en cas de Grexit. "Nous prévoyons dans ce cas que les classes moyennes descendent elles aussi sous le seuil de pauvreté. Et qu’elles viennent chercher ici des médicaments ou d’autres choses dont elles ont besoin pour leur famille", renchérit Nancy Retinioti, en charge de l’aide sociale.

La crainte d’une chute des dons. Non seulement une sortie de la zone euro pourrait provoquer une hausse des personnes en situation précaire, mais aussi un reflux des dons. Une tendance déjà amorcée mais qui pourrait s’aggraver, confirme l’ONG SOS Village d’enfants. "Si on reste dans la zone euro, avec l’austérité, les dons baisseront de 20 à 25 %... Mais si la Grèce sort de l’euro, on pourrait connaitre une chute des dons de 70 %", redoute Stergios Sifinios, directeur de l’aide sociale.

Quelle que soit l’issue des négociations entre Athènes et ses créanciers, les prochains mois s’annoncent très difficiles. D’autant que les Grecs doivent partager l’aide avec les migrants qui accostent sur les îles grecques.