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Marion Gauthier (à Przemysl), édité par Laura Laplaud
Au cinquième jour de l'offensive russe en Ukraine, 500.000 réfugiés ont été recensés, représentant ainsi le plus vaste mouvement d'exode jamais vu en Europe, d'après les Nations unies. Beaucoup d'entre eux parviennent à rejoindre la frontière avec la Pologne où ils trouvent refuge chez des habitants. Europe 1 s'est rendue à Przemysl dans le sud-est de la Pologne.
REPORTAGE

Les Ukrainiens fuient massivement les bombardements et les combats qui s’intensifient en Ukraine. Beaucoup d'entre eux atteignent la frontière avec la Pologne où la population polonaise se mobilise pour leur venir en aide : dons d’argent, de vêtements, de nourriture, de produits d’hygiène. Certains prêtent même un logement à ceux qui ont tout quitté et tout laissé derrière eux. Europe 1 s'est rendue à Przemysl dans le sud-est de la Pologne.

"J'avais le cœur brisé"

25 mètres carrés proprets pour un couple et trois enfants que Lucjia serre dans ses bras. Ils sont "comme ma famille", clame-t-elle. La sexagénaire est petite, volubile, et ses ongles sont multicolores. Elle a prêté l’appartement que sa fille n’occupait plus à des inconnus, des amis d'amis qui fuyaient les bombardements.

"Je ne me suis même pas posé la question cinq minutes. Quand ces femmes avec leurs enfants ont commencé à descendre des trains, j’avais le cœur brisé, j’ai pleuré comme une madeleine. Je ne peux pas ne rien faire et simplement regarder", raconte-t-elle.

Des placards presque vides, des photos. Une unique décoration, en évidence que regarde, attendrie, Marianna. "C’est une icône que ma fille a terminé juste avant le début de la guerre. Les enfants ne devraient pas y être mêlés. J’ai le sentiment que ce n’est pas bien d’être ici avec Andrei alors que tous nos garçons sont au combat", regrette-t-elle.

Lucjia proteste, Andrzej marmonne. Lui, a éteint ses émotions. "Moi, ça fait quatre jours que je pleure car nous sommes des traîtres !" lance-t-elle. "Ça me fait mal". Les trois filles de Marianna regardent dans le vide, silencieuses. Leur mère s’active. Elle veut créer une école ukrainienne ici pour occuper leur journée, et redessiner un semblant de vie normale.