De nombreuses photos et vidéos circulent sur Internet depuis que Donald Trump a mis en place sa politique de tolérance zéro face à l'immigration illégale, ce qui a mené plus de 2.300 enfants à être séparés de leurs parents à la frontière entre États-Unis et Mexique. Mais beaucoup d'entre elles ne correspondent pas à la réalité.
Des photos devenues symboles. Au moins trois images, largement partagées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, illustrent des situations qui ne sont pas celles vécues par les 2.342 enfants détenus en raison de leur statut migratoire irrégulier.
Une fillette de deux ans en larmes
Yanela, deux ans, migrante mexicaine. La première montre une fillette hondurienne, Yanela Varela, en larmes. Elle est vite devenue, sur Twitter ou Facebook, un symbole de la douleur provoquée par la séparation des familles. Cette image a même contribué à déclencher des donations d'un total de plus de 18 millions de dollars à une association texane d'aide aux migrants appelée RAICES.
La photo a été prise le 12 juin dans la ville de McAllen, au Texas, par John Moore, un photographe qui a obtenu le prix Pulitzer et travaille pour l'agence Getty Images. Time Magazine en a fait sa Une, mettant face à face, dans un photomontage sur fond rouge, la petite fille apeurée et un Donald Trump faisant presque trois fois sa taille et la toisant avec cette simple légende : "Bienvenue en Amérique".
The story behind TIME's Trump "Welcome to America" cover https://t.co/zTTjFs9leu
— TIME (@TIME) 22 juin 2018
Une fillette et sa mère... pas séparées. Un article en ligne publié par Time et portant sur cette photo affirmait initialement que la petite fille avait été séparée de sa mère. Mais l'article a ensuite été corrigé, la nouvelle version déclarant : "La petite fille n'a pas été emmenée en larmes par des agents de la police frontalière des États-Unis, sa mère est venue la chercher et elles ont été emmenées ensemble". Time a néanmoins utilisé la photo de la fillette pour sa spectaculaire couverture.
Au Honduras, la responsable de la Direction de protection des migrants au ministère des Affaires étrangères, Lisa Medrano, a confirmé cette seconde version : "La fillette, qui va avoir deux ans, n'a pas été séparée" de ses parents. Le père de l'enfant, Denis Varela, a confirmé au Washington Post (en anglais) que sa femme Sandra Sanchez, 32 ans, n'avait pas été séparée de Yanela et que les deux étaient actuellement retenues dans un centre pour migrants de McAllen (Texas).
Time maintient sa Une. Attaqué pour sa couverture, qui a été largement jugée trompeuse, y compris par la Maison-Blanche, le magazine Time a déclaré qu'il maintenait sa décision de la publier. "La photographie du 12 juin de la petite Hondurienne de 2 ans est devenue le symbole le plus visible du débat sur l'immigration actuellement en cours aux États-Unis et il y a une raison pour cela", a affirmé dans un communiqué aux médias américains le rédacteur en chef du magazine, Edward Felsenthal.
Des Palestiniens pris pour des Mexicains
Un autre cliché montre une vingtaine d'enfants derrière une grille, certains d'entre eux tentant d'y grimper. Il circule depuis des jours comme une supposée photo de centres de détention pour mineurs à la frontière mexicaine. Mais son auteur, Abed Al Ashlamoun, photographe de l'agence EPA, a pris cette image en août 2010 et elle représente des enfants... palestiniens attendant la distribution de nourriture pendant le ramadan à Hébron, en Cisjordanie.
Une cage en trompe-l’œil
Enfin, une troisième image est celle d'un enfant en train de pleurer dans ce qui semble être une cage, et qui remporte un grand "succès" sur Twitter, où elle a été partagée au moins 25.000 fois sur le compte @joseiswriting. Encore une fois, il s'agit d'un trompe-l’œil.
This is what happens when a government believes people are “illegal.”
— Jose Antonio Vargas (@joseiswriting) 12 juin 2018
Kids in cages. pic.twitter.com/OAnvr9cl3P
Il s'agit d'un extrait d'une photo qui mettait en scène des arrestations d'enfants lors d'une manifestation contre la politique migratoire américaine et publiée le 11 juin dernier sur le compte Facebook Brown Berets de Cemanahuac.