La réconciliation s'annonce difficile. Après 50 ans de lutte armée et plus de 800 morts, l'ETA a officialisé son démantèlement complet. Une annonce accueillie très froidement par Madrid. Pour Mariano Rajoy, l’ETA "ne peut espérer aucune impunité". Un mauvais signal pour les 191 prisonniers du mouvement séparatiste basque incarcérés en Espagne. De l'autre côté des Pyrénées en revanche, la politique semble plus souple pour les 52 détenus séparatistes.
Madrid reste inflexible. "Le gouvernement français a décidé de suivre sa propre feuille de route et a permis onze rapprochements de prisonniers dans les prisons de Mont-de-Marsan, Lannemezan et la prison de Muret, près de Toulouse", détaille un professeur en sciences politiques de l'université de Vitoria. "Cette 'flexibilisation', ne se constate pas en Espagne, où le gouvernement a décidé de maintenir une politique extrêmement ferme en la matière", ajoute le spécialiste.
L'influence des collectifs de victimes. Car les blessures restent encore très vives en Espagne où les collectifs de victimes ont beaucoup d'influence sur Madrid. Et ils ne veulent pas entendre parler de rapprochement de prisonniers. "Ce n'est pas la fin de l'ETA que nous voulions. Une ETA vaincue ne devrait pas être la protagoniste de sa propre fin", estime Consuelo Ordoñez, la sœur de Gregorio Ordoñez, élu municipal assassiné en 1995. "La disparition de l'ETA ne signifie pas la dissolution de leur responsabilité (...) La seule phrase décente que pourraient prononcer les terroristes commence et se termine ainsi 'Nous n'aurions jamais dû exister'", lance-t-elle. Si l'ETA a disparu, beaucoup de victimes ne sont pas encore prêtes à pardonner le sang versé.