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Philippe Folgado // Crédit photo : JIM WATSON / POOL / AFP , modifié à
Accusé d'avoir menti sur son implication dans les affaires de son fils, Joe Biden est visé par une enquête pour destitution. Une procédure d'impeachment qui n'a que très peu de chance d'aboutir, mais qui, selon l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis Philippe Étienne, montre une "polarisation croissante de la politique américaine". 

Le président des États-Unis, Joe Biden, est visé par une enquête pour destitution depuis ce mardi. Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, accuse le président d'avoir "menti" au peuple américain sur son implication dans les affaires de son fils Hunter Biden. C'est déjà la troisième procédure "d'impeachment" qui est lancé contre un président lors des deux dernières mandatures. Pour l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis, Philippe Étienne, invité d'Europe 1 Soir Week-End, cette procédure s'inscrit dans un contexte bien particulier de la politique américaine. 

"On a un risque de banalisation de l'impeachment"

Même si cette enquête en destitution n'a que très peu de chance d'aboutir puisque c'est le Sénat qui doit juger le président et qu'il est à majorité Démocrate, elle risque de porter un coup sur la démocratie américaine. L'impeachment était une procédure très rare dans l'histoire politique du pays. Seuls trois présidents y ont été confrontés : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump à deux reprises en 2019 et 2021. Richard Nixon avait décidé de démissionner du Bureau Ovale en 1974 avant qu'elle ne soit formulée, se doutant qu'il deviendrait le premier président destitué de l'histoire après l'affaire du Watergate. 

Pour Philippe Étienne, il y a un "risque de banalisation de la procédure" dont la récurrence est "préoccupante, car elle encouragera la radicalité chez les gens". Il risque d'y avoir des affrontements plus durs que ceux déjà existants entre les soutiens de Donald Trump et ceux qui sont scandalisés par certaines actions de l'ancien président. C'est pour cela que la menace de l'impeachment doit rester exceptionnelle, Quel que soit le motif invoqué par l'opposition au président. 

L'élection présidentielle en ligne de mire 

Cette annonce d'enquête contre Joe Biden intervient dans un contexte politique particulier aux États-Unis : l'élection présidentielle approche, les tensions sont croissantes entre les deux principaux partis et Donald Trump est confronté à plusieurs procès. Les républicains cherchent à dégrader l'image du président en place avec cette affaire judiciaire, quand Kevin McCarthy cherche également à donner des gages à l'aile la plus à droite du parti, favorable à l'ancien président, qui lui avait permis de prendre la direction des républicains à la Chambre des représentants au début de l'année. 

Ce qui est sûr, c'est que le pays est plus divisé que jamais, et le risque de "shutdown", cette paralysie de l'économie et de l'activité du pays, est plus que possible si le Congrès ne parvient pas à un accord sur le budget de l'administration fédérale.