Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 208e jour de l'invasion russe

Un bâtiment détruit à Izioum, en Ukraine.
Un bâtiment détruit à Izioum, en Ukraine. © Metin Aktas / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 208e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le Kremlin a qualifié lundi de "mensonge" la découverte de centaines de tombes dans une forêt près de la ville d'Izioum, récemment reprises par les forces ukrainiennes, dernière dénégation russe en date quant à des exactions. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Les autorités ukrainiennes ont annoncé la macabre découverte de centaines de tombes dans une forêt près de la ville d'Izioum vendredi, près de cette cité de quelques 50.000 habitants avant la guerre, passée sous occupation russe d'avril à début septembre avant d'être récemment reprise par les forces de l'Ukraine. Des journalistes de l'AFP y ont vu sur place des centaines de tombes marquées d'une croix et de numéros ou de noms et de dates, ainsi qu'une fosse commune renfermant 17 corps de soldats ukrainiens, selon les médecins-légistes. Au moins l'un des cadavres avait les mains liées avec une corde.

Les informations à retenir :

- Le Kremlin nie avoir commis des exactions à Izioum

- La Russie met "en danger le monde entier", déclare Zelensky

- Un bombardement près d'une centrale nucléaire ne fait aucun dégâts

Corps découverts à Izioum : la Russie dénonce le "mensonge" de l'Ukraine

Selon les autorités ukrainiennes, plus de 440 tombes ont été retrouvées dans cette forêt près d'Izioum, où la police nationale a aussi dit avoir découvert, comme dans d'autre localités reprises récemment, des "salles de torture". "C'est un mensonge. Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire", a assuré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui évoqué samedi "de nouvelles preuves de torture" à Izioum, où "le processus d'exhumation se poursuit".

Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les territoires qu'elles contrôlent en Ukraine, et notamment à Boutcha, en périphérie de Kiev, où avaient été retrouvés après leur départ fin mars des cadavres de civils froidement exécutés dans les rues. Moscou nie avoir commis ces crimes, évoquant une "falsification" ukrainienne. La présidence tchèque de l'UE a appelé samedi à la création d'un tribunal international spécial pour Izioum et l'ONU a dit vouloir envoyer "sous peu" une équipe.

Une autre centrale visée par une frappe d'un missile

Sur le terrain lundi, l'Ukraine a accusé l'armée russe d'avoir bombardé le site de la centrale nucléaire de Pivdennooukraïnsk, dans le Sud du pays, après des semaines de tensions autour de celle de Zaporijjia, occupée par Moscou et visée par de multiples frappes.

Selon l'opérateur Energoatom, "une puissante explosion s'est produite à seulement 300 mètres des réacteurs" de cette centrale, la prêtant à une frappe nocturne d'un missile russe. Le président Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois assuré que la Russie mettait "en danger le monde entier" et appelé à "l'arrêter tant qu'il n'est pas trop tard".

13 civils tués dans une frappe ukrainienne "punitive"

A Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine, 13 civils ont été tués lundi dans une frappe ukrainienne "punitive" sur une place de cette ville qui échappe au contrôle de Kiev depuis 2014, selon le maire pro-Moscou. Dans la région voisine de Lougansk, les séparatistes ont condamné à 13 ans de prison un employé de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), accusé de "haute trahison" pour avoir fourni des "informations confidentielles" à des services de renseignement étrangers, dont la CIA.

Dans le reste de l'Ukraine, 10 civils ont été tués et 22 blessés ces dernières 24 heures, selon le bilan de la présidence ukrainienne, qui a rapporté des bombardements dans plusieurs régions le long du front et des combats essentiellement dans celle de Lougansk, dans l'Est.

L'avancée ukrainienne ralentit depuis plusieurs jours

Ce bombardement intervient alors que les forces russes ont enchaîné les échecs en septembre, avec leur retraite d'une large partie du nord-est du pays face à une contre-offensive éclair des Ukrainiens dans la région de Kharkiv. Les troupes de Kiev ont également repris du terrain, mais plus lentement, dans le sud.

Depuis plusieurs jours, l'avancée ukrainienne a cependant ralenti. Le président Zelensky a insisté dimanche soir qu'il ne s'agissait "pas d'une pause", mais de "préparer les prochaines étapes", la Russie contrôlant une grande partie du Donbass (est) et des régions de Kherson et Zaporijjia (sud), après avoir annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée.

Le Kremlin nie les exactions d'Izioum

Dans la région de Kharkiv, les journalistes de l'AFP ont constaté des combats d'artillerie sur le front de Koupiansk, tandis qu'un flux régulier de civils traumatisés quittaient la ville, passée sous contrôle ukrainien. "Il n'y a pas de lumière, pas d'électricité, depuis une semaine. Pas d'eau", a déclaré à l'AFP Rouslan, un ancien policier de 49 ans. Dans les rues de la ville, d'immenses affiches de propagande prorusse étaient encore visibles, les rues étaient elles jonchées de débris de verre, de douilles de cartouches et de restes de rations.

Les journalistes de l'AFP ont également recueilli les témoignages d'Ukrainiens ayant dit avoir subi des tortures aux mains de militaires russes durant l'occupation de la région de Kharkiv. Dans l'hôpital d'Izioum, Mykhaïlo Tchindeï, 67 ans, raconte qu'il a été détenu 12 jours durant par les soldats adverses dans une cellule humide et que ses geôliers lui ont cassé le bras à coup de barre de métal.

"Ils m'ont frappé les talons, le dos, les jambes et les reins", ajoute Mykhaïlo Tchindeï, les soldats russes l'accusant d'avoir donné aux forces ukrainiennes les coordonnées d'une école dans laquelle ils s'étaient installés. Un bombardement ukrainien y avait tué de nombreux militaires russes.

Nouvelle sanction contre la Russie

Sur le front diplomatique, la liste des sanctions contre Moscou s'est encore allongée. Depuis lundi, la Pologne et les trois États baltes restreignent l'entrée sur leur sol des ressortissants russes porteurs de visas européens.