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avec AFP , modifié à
Au 361e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a indiqué dimanche que la Chine envisage d'envoyer des "armes" à la Russie. Ce lundi, le président Biden s'est rendu à Kiev pour une visite surprise. Lors de la visite, le président Ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie "n'a aucune chance de gagner" la guerre.
L'ESSENTIEL

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré lundi que la Russie n'avait "aucune chance de gagner" la guerre qu'elle a lancée il y bientôt un an, s'appuyant sur la visite surprise de son homologue américain Joe Biden à Kiev. Les nouvelles livraisons d'armes promises par Joe Biden à cette occasion constituent un "signal sans équivoque que les tentatives russes de gagner n'auront aucune chance", a déclaré Volodymyr Zelensky.

Les principales informations à retenir : 

- Le président américain Joe Biden est en visite surprise à Kiev. Il a promis de nouveaux armements à l'Ukraine.

- Pékin envisage de fournir des "armes" à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, a averti dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à l'issue d'une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi.

- Le secrétaire d'Etat a mis en garde contre les "implications et les conséquences" pour la Chine s'il s'avérait qu'elle apporte un "soutien matériel" à la Russie dans sa guerre en Ukraine ou l'aidait à échapper aux sanctions occidentales.

- Le président Emmanuel Macron a assuré dimanche à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky qu'il soutiendrait son plan de paix "sur la scène internationale", lors d'une conversation téléphonique entre les deux chefs d'Etat.

- La Russie a revendiqué ce lundi la prise d'un village situé à proximité de Bakhmout.

- Le Premier ministre japonais promet 5,5 milliards de dollars d'aide en plus pour l'Ukraine.

Charles III dit son "admiration" aux militaires ukrainiens en formation en Angleterre

 Le roi Charles III a rendu visite lundi aux militaires ukrainiens s'entraînant auprès de l'armée britannique, leur exprimant son "admiration" à l'approche du premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Si la famille royale britannique n'intervient pas dans les affaires politiques, ses principaux membres sont sortis de leur réserve à plusieurs reprises depuis un an, par des dons personnels, des visites faites aux réfugiés ou lorsque Volodymyr Zelensky a été reçu par le souverain au palais de Buckingham début février. 

Le roi s'est rendu sur un site militaire dans le sud-ouest de l'Angleterre. Il a assisté aux entraînements suivis par les Ukrainiens, souvent des civils entrés dans l'armée sans expérience militaire, qui s'exerçaient à prendre d'assaut des tranchées, dans le cadre d'une formation de cinq semaines. "Vous êtes incroyables, je ne sais pas comment vous faites ça, je suis plein d'admiration", a-t-il déclaré à un officier.

Visite surprise à Kiev de Joe Biden qui promet plus d'aide militaire

Joe Biden a effectué une visite surprise à Kiev lundi, promettant de nouveaux armements et un soutien "indéfectible" à son allié ukrainien, à quelques jours du premier anniversaire de l'invasion russe. Une fois arrivé, le président américain a annoncé que son pays accroîtrait une fois encore l'aide qu'il apporte à l'Ukraine. "Je vais annoncer la livraison d'autres équipements essentiels, notamment de munitions d'artillerie, de systèmes antiblindage et de radars de surveillance aérienne", a-t-il assuré.

Au cours d'un point presse avec son homologue Volodymyr Zelensky, il a évoqué 500 millions de dollars d'assistance supplémentaire dont les détails seront annoncés dans les jours à venir. "J'ai pensé qu'il était essentiel qu'il n'y ait aucun doute sur le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine", a-t-il encore dit. Joe Biden a quitté la capitale ukrainienne en début d'après-midi. Il est attendu en Pologne et rencontrera mardi à Varsovie les dirigeants polonais, qui sont parmi les principaux soutiens européens de Kiev.

L'Ukraine a un besoin crucial de munitions de longue portée et de chars pour s'opposer à une nouvelle offensive russe et pour reprendre les territoires occupés par Moscou dans l'est et le sud de son territoire. Volodymyr Zelensky a salué les livraisons attendues de chars américains Abrams, annoncées il y a quelques semaines après de longues tergiversations et insisté sur les besoins de son armée pour des munitions d'artillerie d'une portée supérieure à 100 kilomètres. Washington en a promis mais leur nombre et le calendrier de leur envoi restent incertains.

Un "signe extrêmement important de soutien"

Le chef de l'Etat ukrainien a souligné avoir discuté avec M. Biden d'armements de longue portée, un sujet "très important" car l'Ukraine a besoin de tels systèmes pour frapper les lignes d'approvisionnement russes. "Cette conversation (avec le président américain) nous rapproche de la victoire", a-t-il lâché. Cette première visite à Kiev d'un président américain en Ukraine depuis 2008 suit celle de Volodymyr Zelensky à Washington en décembre. Le chef de l'Etat ukrainien y a vu un "signe extrêmement important de soutien", relevant que les deux dirigeants voulaient discuter de "comment gagner (la guerre dès) cette année".

Selon lui, l'aide militaire américaine à l'Ukraine démontre que la Russie "n'a aucune chance de gagner". Joe Biden a quant à lui martelé que "la guerre de conquête" du président russe Vladimir Poutine était "en train d'échouer". "Poutine a cru que l'Ukraine était faible et l'Occident divisé", a-t-il noté, "il a juste eu tout faux". Les alertes antiaériennes ont par ailleurs retenti à un moment où le président américain était aux côtés de son homologue ukrainien. Ils se sont aussi recueillis aussi devant un mémorial dédié aux soldats ukrainiens tués. Joe Biden a exprimé son admiration pour la résilience des Ukrainiens : "C'est plus qu'héroïque".

Selon le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal, M. Zelensky a évoqué avec son homologue la possibilité de sanctions contre l'industrie nucléaire russe. M. Biden a quant à lui soulevé les questions de la lutte contre la corruption, de la justice et de la gouvernance d'entreprise.

Washington avait prévenu la Russie du déplacement de Biden en Ukraine "quelques heures" auparavant

Les Etats-Unis avaient averti la Russie de la visite du président Joe Biden en Ukraine en amont de son départ, afin d'éviter tout conflit, a affirmé à la presse le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. "Nous avons bien prévenu les Russes que le président Biden voyagerait à Kiev. Nous l'avons fait quelques heures avant son départ", a déclaré Jake Sullivan, précisant: "en raison de la nature sensible de ces échanges, je ne rentrerai pas dans la manière dont ils ont répondu ou quelle était la nature exacte de notre message".

Le Japon va offrir une nouvelle aide financière à l'Ukraine

Le Japon va offrir à l'Ukraine une nouvelle aide financière de 5,5 milliards de dollars, a déclaré lundi le Premier ministre japonais Fumio Kishida, à quelques jours du premier anniversaire de l'invasion russe. "Il est encore nécessaire d'aider les personnes dont les moyens de subsistance ont été détruits par la guerre, et de restaurer les infrastructures détruites", a-t-il dit dans un discours à Tokyo. "Nous avons décidé de fournir un soutien financier supplémentaire de 5,5 milliards de dollars", a déclaré Fumio Kishida.

Il a précisé que le gouvernement demanderait l'approbation du parlement pour "la modification des lois et règles pertinentes" afin de permettre le versement des fonds. L'annonce a été faite alors que le Président américain Joe Biden, au cours d'une visite non annoncée à Kiev, a promis une augmentation des livraisons d'armes pour l'Ukraine. Le Japon s'était joint aux puissances occidentales pour imposer des sanctions à la Russie et a fourni une aide humanitaire, mais non militaire, à l'Ukraine depuis le lancement de l'invasion du président Vladimir Poutine le 24 février 2022.

Fumio Kishida a également annoncé une vidéoconférence des dirigeants du G7 avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky vendredi, soit un an après le début de la guerre en Russie. Le Japon préside cette année le G7.

Moscou revendique la prise d'un village près de Bakhmout

La Russie a affirmé lundi avoir "complètement" pris le contrôle d'une localité située à proximité immédiate de Bakhmout, une ville de l'est de l'Ukraine dont les forces russes s'efforcent de s'emparer depuis plusieurs mois. "Les volontaires de détachements d'assaut, avec la coopération d'unités aéroportées et l'appui d'unités d'artillerie (...) ont complètement libéré la localité de Paraskoviïvka", a déclaré le ministère russe de la Défense. Ce village se trouve à l'entrée nord de Bakhmout, à la jonction de deux importantes routes. Vendredi, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans la bataille pour Bakhmout, avait déjà revendiqué la prise de Paraskoviïvka.

Des tensions entre armée russe et Wagner sont apparues au grand jour ces dernières semaines, lorsque ils ont revendiqué séparément la prise de certaines localités. Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a plusieurs fois critiqué le haut commandement russe, l'accusant d'être inefficace et de ne pas lui donner les moyens suffisants pour prendre Bakhmout, défendue avec acharnement par les forces ukrainiennes. Depuis plus de six mois, le groupe Wagner et l'armée russe tentent de conquérir Bakhmout, une cité dont l'importance stratégique est limitée mais qui a gagné une grande importance symbolique du fait de la durée et de l'âpreté des combats.

Les forces de Kiev et de Moscou y ont subi de lourdes pertes et nombre d'analystes estiment que la Russie voudrait s'en emparer avant la date du premier anniversaire du déclenchement de son offensive contre l'Ukraine, le 24 février. Depuis quelques semaines, les assauts russes semblent avoir redoublé d'intensité le long de la ligne de front dans l'est.

Une défaite russe en Ukraine est "inévitable", dit l'opposant emprisonné Navalny

L'opposant russe Alexeï Navalny, emprisonné depuis plus de deux ans, a estimé qu'une défaite militaire du Kremlin était "inévitable" en Ukraine, près d'un an après l'offensive massive de l'armée russe contre Kiev.

"Une défaite militaire définitive (en Ukraine) peut encore être retardée au prix de la vie de centaines de milliers de mobilisés (les réservistes russes récemment enrôlés par Moscou, NDLR), mais, au final, elle est inévitable", a-t-il indiqué dans un message publié lundi par son équipe sur les réseaux sociaux.

Pékin envisage de fournir "des armes" à Moscou

De plus, Pékin envisage de fournir des "armes" à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, a averti dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à l'issue d'une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi. "Nous avons parlé de la guerre menée par la Russie et des inquiétudes que nous avons quant au fait que la Chine envisage de fournir un soutien létal à la Russie", a-t-il dit sur CBS. Interrogé sur ce que cela impliquerait concrètement, le chef de la diplomatie américaine a répondu: "Principalement des armes".

Ces déclarations ont été faites alors même que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a exhorté dimanche les Vingt-Sept à "accélérer notre soutien militaire à l'Ukraine", assurant que Kiev était dans une situation "critique" en termes de munitions. Antony Blinken et Wang Yi se sont rencontrés samedi soir à Munich, en marge de la Conférence sur la sécurité, dans un échange que la diplomatie américaine a qualifié de "franc et direct".

Des implications et conséquences en cas de soutien de la Chine à la Russie

Le secrétaire d'Etat a mis en garde contre les "implications et les conséquences" pour la Chine s'il s'avérait qu'elle apporte un "soutien matériel" à la Russie dans sa guerre en Ukraine ou l'aidait à échapper aux sanctions occidentales, a indiqué le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, en rendant compte de l'entretien.

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, présente à Munich samedi, avait elle aussi mis en question la neutralité affichée par la Chine. Les Etats-Unis sont "troublés par le fait que Pékin a approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre", a-t-elle souligné.

"Toute démarche de la Chine visant à fournir un soutien létal à la Russie ne ferait que récompenser l'agression, poursuivre les tueries et saper davantage un ordre fondé sur des règles", a prévenu la vice-présidente. Lors de cette même conférence à Munich, le diplomate européen Josep Borrell a alerté sur la pénurie de munitions aux mains de l'armée ukrainienne. "Elle doit être résolue rapidement, c'est une question de semaines", a-t-il souligné.

Pékin nie vouloir fournir des armes à la Russie

Le gouvernement chinois a nié lundi envisager de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, accusant Washington de "jeter de l'huile sur le feu" en affirmant le contraire. A quelques jours du 24 février, un an après le début de l'invasion russe, la pression occidentale s'accroît sur la Chine, qui n'a jamais appuyé ni critiqué publiquement l'offensive, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales. Après l'avoir affirmé la veille, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a répété lundi, avant de rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan, craindre que la Chine n'envisage de fournir des armes à la Russie.

Il a répété avoir "partagé ces inquiétudes" ce week-end avec son homologue chinois Wang Yi à Munich, en marge de la Conférence sur la sécurité.

Des déclarations ont été qualifiées de "fausses informations" lundi par Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Nous n'acceptons pas que les États-Unis pointent du doigt les relations entre la Chine et la Russie, et encore moins qu'ils exercent des pressions et des contraintes", a-t-il déclaré lors d'un point de presse régulier. "Ce sont les Etats-Unis et non la Chine qui envoient constamment des armes sur le champ de bataille", a-t-il ajouté.

La Moldavie demande à l'UE de sanctionner ses oligarques au service de Moscou

La Moldavie a demandé lundi à l'UE d'imposer des sanctions aux oligarques moldaves accusés d'aider la Russie à déstabiliser le pays, après des allégations selon lesquelles Moscou complotait pour renverser le gouvernement pro-occidental en place à Chisinau. "Ce n'est pas la première fois que la Moldavie est confrontée à de telles situations depuis l'année dernière", a souligné lundi le ministre des Affaires étrangères moldave Nicu Popescu, lors d'une rencontre à Bruxelles avec les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

Nicu Popescu a appelé ses homologues à placer "les oligarques et les politiciens corrompus qui, avec la Russie, tentent de déstabiliser la Moldavie" sur une liste noire des personnes interdites de voyager dans l'UE et dont les avoirs sont gelés par les Vingt-Sept. "Nous devons inscrire ces oligarques, qui sont des mandataires de la Russie, sur la liste des sanctions de l'UE et nous devons apporter un soutien accru à l'Ukraine en matière de sécurité par le biais de la facilité de paix européenne", lui a répondu le ministre estonien Urmas Reinsalu.

Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères doivent décider lundi du soutien à accorder à la Moldavie, qui va accueillir en juin la seconde réunion de la Communauté européenne pour la paix. Ancienne république soviétique coincée entre l'Ukraine et la Roumanie, la Moldavie dépend du gaz acheté à la Russie pour sa production d'énergie et est confrontée à de multiples crises aggravées par la guerre menée par le Kremlin contre Kiev. La semaine dernière, Chisinau a accusé la Russie - qui a des forces dans la région sécessionniste de Transnistrie - de conspirer pour mener un coup d'État.

Un plan de paix en dix points

En France, le président Emmanuel Macron a assuré dimanche à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky qu'il soutiendrait son plan de paix "sur la scène internationale", lors d'une conversation téléphonique entre les deux chefs d'Etat. Emmanuel Macron a "réaffirmé son attachement au plan de paix en dix points proposé par le président Zelensky et lui a assuré qu'il soutiendrait cette initiative sur la scène internationale lors des prochains événements diplomatiques", a indiqué l'Elysée.

Ils ont également "évoqué le rappel fait (vendredi à la conférence annuelle de Munich sur la sécurité) auprès des partenaires européens et de l'OTAN de la nécessité de renforcer et d'accélérer le soutien militaire à l'Ukraine et au peuple ukrainien".

Pour sa part, Volodymyr Zelensky a salué sur Twitter "la poursuite d'un dialogue amical" avec Emmanuel Macron et confirmé qu'ils avaient tous deux parlé de "la mise en place du plan de paix". "J'ai remercié le président pour sa compréhension de nos besoins, et pour ce sentiment partagé que nous devons nous défendre contre l'agression russe sans perdre la moindre occasion et sans perdre une semaine", a ajouté Volodymyr Zelensky dans son message vespéral.

Cet échange s'est produit après l'entretien accordé par le président français au Journal du Dimanche, au Figaro et à France Inter, dans lequel il affirmait vouloir "la défaite" de Moscou face à l'Ukraine, tout en mettant en garde ceux qui veulent "avant tout écraser la Russie".