Le président russe Vladimir Poutine a promis mardi de poursuivre sa campagne militaire en Ukraine lors d'un discours très attendu à la nation (Illustration). 2:18
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avec AFP , modifié à
Au 362e jour de l'invasion russe en Ukraine, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi l'armée russe de "crime de guerre" dans l'attaque au missile de la gare de Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine, qui avait tué en avril 2022 une soixantaine de civils cherchant à fuir la région. De son côté, Vladimir Poutine a promis mardi de poursuivre sa campagne militaire en Ukraine lors d'un discours à la nation.
L'ESSENTIEL

Le président russe Vladimir Poutine a promis mardi de poursuivre sa campagne militaire en Ukraine, près d'un an après le début de l'offensive, lors d'un discours très attendu à la nation. "Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d'un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d'Etat de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous", a-t-il déclaré.

Il a également a accusé mardi l'Occident d'utiliser le conflit en Ukraine pour "en finir" avec la Russie estimant que les Occidentaux détenaient "la responsabilité" de l'escalade." Les élites de l'Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute", a-t-il martelé.

Les principales informations à retenir : 

  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) accuse mardi l'armée russe de "crime de guerre" dans l'attaque au missile de la gare de Kramatorsk, qui avait tué environ 60 personnes en avril 2022.
  • La Chine se dit "très inquiète" du conflit en Ukraine et appelle à "promouvoir le dialogue".
  • Joe Biden est en déplacement à Varsovie en Pologne ce mardi.
  • Au moins cinq personnes tuées dans des frappes sur Kherson.
  • Vladimir Poutine suspend sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire.
  • L'état-major russe accusé de "trahison" par le patron de Wagner.

Paris appelle Moscou "à faire preuve de responsabilité"

La France a appelé mardi la Russie à "faire preuve de responsabilité et à revenir au plus vite sur son annonce de suspension" à sa participation au traité russo-américain New Start sur le nucléaire. Paris "rappelle que le traité New Start constitue un instrument essentiel de l'architecture internationale de maîtrise des armements nucléaires et de stabilité stratégique", a précisé dans un communiqué Anne-Claire Legendre, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Le patron de Wagner accuse l'état-major russe de "trahison"

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a accusé mardi l'état-major de son pays de commettre une "trahison" en refusant selon lui de fournir du matériel à ses mercenaires, en première ligne dans l'est de l'Ukraine. Ces déclarations de l'homme d'affaires Evguéni Prigojine marquent une escalade dans les tensions qui opposent son groupe Wagner à l'armée russe, qui apparaissent en concurrence sur le terrain en Ukraine. Les tensions sont devenues de plus en plus visibles ces dernières semaines, alors que les forces russes tentent de s'emparer de la ville de Bakhmout (est), l'armée et Wagner revendiquant chacun des avancées en se contredisant parfois.

"Le chef d'état-major et le ministre de la Défense distribuent des ordres à tout-va demandant non seulement de ne pas donner de munitions au groupe paramilitaire Wagner, mais également de ne pas l'aider en matière de transport aérien", a grondé Evguéni Prigojine dans un enregistrement vocal publié par son service de presse sur Telegram. "Il y a une opposition frontale, qui n'est rien de moins qu'une tentative de détruire Wagner. Cela peut être assimilé à une trahison de la patrie, alors que Wagner combat pour Bakhmout, essuyant des pertes par centaines chaque jour", a-t-il ajouté.

Si Evguéni Prigojine a plusieurs fois critiqué le haut commandement russe dans le passé, cette attaque ad hominem contre le chef d'état-major Valéri Guerassimov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, deux des principales figures du pouvoir de Vladimir Poutine, est clairement une escalade. Ces tensions illustrent aussi les difficultés que rencontrent les forces russes à trois jours de l'anniversaire du déclenchement de l'offensive contre l'Ukraine, censée s'achever rapidement par la prise de Kiev et désormais enlisée. 

Wagner, qui a recruté des milliers de prisonniers pour combattre en Ukraine, mène l'assaut sur Bakhmout depuis l'été et a récemment conquis une série de localités avoisinantes pour tenter d'encercler la ville. Mardi, Evguéni Prigojine a accusé le haut commandement d'avoir même interdit de livrer aux combattants de Wagner des "pelles qui leur permettent de creuser des tranchées". Ni l'armée, ni le ministère de la Défense n'avaient réagi dans l'immédiat.

L'Otan est "plus forte que jamais", souligne Joe Biden à Varsovie

L'Alliance atlantique est "plus forte que jamais" en cet anniversaire du déclenchement par la Russie de la guerre en Ukraine, a souligné mardi à Varsovie le président américain Joe Biden. "Un an plus tard, je dirais que l'Otan est plus forte que jamais", a déclaré le président, au lendemain de sa visite surprise à Kiev. Et "je peux dire avec fierté que notre soutien à l'Ukraine est inébranlable", s'est-il félicité lors d'une rencontre des délégations polonaise et américaine, partiellement retransmise par les télévisions locales. Le président américain a considéré comme "vraiment extraordinaire" le soutien apporté à l'Ukraine et aux Ukrainiens par la Pologne.

De son côté, le chef de l'Etat polonais Andrzej Duda a insisté sur le fait que, grâce à Joe Biden, "on voit que l'Amérique est capable de veiller à l'ordre mondial". Mardi, le président américain a entamé une visite officielle en Pologne, la deuxième en douze mois, où il doit prononcer un discours politique dans l'après-midi. Mercredi, le président américain doit rencontrer à Varsovie les chefs d'Etat et de gouvernement de neuf pays du flanc oriental de l'Otan.

Au moins cinq personnes tuées dans des frappes sur Kherson

Au moins cinq civils ont été tués mardi et 16 blessés dans des frappes russes à Kherson, une ville du sud de l'Ukraine reconquise par l'armée ukrainienne en novembre, ont annoncé mardi les autorités locales. Un premier bilan qui faisait état de six morts et douze blessés a ensuite révisé par l'administration municipale, qui l'a établi à "cinq personnes tuées et seize hospitalisées". "Juste pendant le discours du dictateur sanguinaire Poutine, l'ennemi a frappé des bâtiments d'habitation, des infrastructures essentielles" avait d'abord annoncé sur Telegram le porte-parole du commandement régional Sud de l'armée ukrainienne, Vladislav Nazarov.

Il a ajouté qu'un hôpital, une garderie, "le marché local et les transports publics avaient été bombardés", dénonçant le fait qu'"au milieu de la rue, dans leurs propres maisons et sur leurs lieux de travail, des civils de Kherson ont été tués et blessés". Selon Oleksandre Prokoudine, le chef de l'administration militaire régionale de Kherson, les troupes russes ont visé la visé avec des lance-roquettes multiples Grad et 20 explosions ont été recensées. Les images diffusées après cette frappe montrent des corps, l'un recouvert par une bâche pour le cacher, gisant au sol à proximité d'un arrêt de bus et un supermarché détruit.

La Russie "tue sans pitié" des civils à Kherson, dénonce Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mardi la frappe sur Kherson qui a fait au moins 5 morts, selon un bilan revu à la baisse des autorités municipales, assurant que l'armée russe "tue sans pitié" des civils dans cette ville du sud de l'Ukraine reconquise par l'armée ukrainienne en novembre. "L'armée russe tire massivement sur Kherson. Une fois de plus, elle tue sans pitié la population civile", a-t-il déploré dans un message sur Telegram après ces frappes.

Poutine suspend un traité nucléaire

Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, aggravant la rupture avec l'Occident qu'il accuse d'avoir provoqué une escalade du conflit en Ukraine. Dans la foulée, la diplomatie russe a convoqué l'ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des Etats-Unis le retrait des "soldats et équipements" de l'Otan en Ukraine, une référence à l'aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.

Dans un discours d'une heure et quarante-cinq minutes rappelant l'époque de la Guerre froide par sa virulente rhétorique antioccidentale, Vladimir Poutine a aussi juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine. Peu impressionnée, la présidence ukrainienne a réagi en promettant de "chasser et punir" la Russie, à trois jours du premier anniversaire du début de l'invasion. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a quant à lui dénoncé "l'absurdité" du discours antioccidental de Vladimir Poutine.

Dans la foulée, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a jugé mardi à Athènes que la décision de la Russie de suspendre sa participation à l'accord New Start sur le désarmement nucléaire était "très décevante et irresponsable". "L'annonce par la Russie qu'elle suspend sa participation à New Start est très décevante et irresponsable", a-t-il indiqué à quelques journalistes à l'ambassade des Etats-Unis à Athènes. "Mais bien évidemment nous restons prêts à discuter sur la limitation des armes stratégiques à n'importe quel moment avec la Russie", a-t-il ajouté.

Moscou exige que les États-Unis retirent d'Ukraine "soldats et équipements" de l'Otan

La diplomatie russe a convoqué mardi l'ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des Etats-Unis le retrait des "soldats et équipements" de l'Otan en Ukraine, référence à l'aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.

"Il a été noté en particulier que pour aboutir à une désescalade de la situation, Washington doit prendre des mesures en vue du retrait des soldats et équipements américains et de l'Otan, et cesser ses activités antirusses", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, dans un communiqué.

Un duel entre Biden et Poutine ?

Duel à distance ? Le président américain Joe Biden devait lui aussi faire une allocution très attendue, à Varsovie, où il se trouve après une visite surprise à Kiev lundi à l'occasion de laquelle il a promis encore des armes aux Ukrainiens. Mais c'est bien M. Poutine qui a marqué les esprits le premier en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires. "Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start", a déclaré le président russe.

Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir "prêtes réaliser à des essais d'armes nucléaires", au cas où les Etats-Unis en feraient en premier.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a qualifié la décision de la Russie sur New Start de "très décevante et irresponsable", tout en assurant que les Etats-Unis "restent prêts à discuter sur les armes stratégiques" avec Moscou. Une mesure russe que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a pour sa part dit "regretter".

L'ONG Human Rights Watch a accusé l'armé russe de "crime de guerre"

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi l'armée russe de "crime de guerre" dans l'attaque au missile de la gare de Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine, qui avait tué en avril 2022 une soixantaine de civils cherchant à fuir la région. "Les preuves indiquent clairement que le missile qui a tué et blessé des civils à la gare de Kramatorsk a été lancé depuis le territoire contrôlé par la Russie dans l'est de l'Ukraine. Cette attaque constitue une violation des lois de la guerre et un crime de guerre apparent", écrit HRW dans cette enquête, réalisée avec l'agence d'investigations visuelles SITU Research.

L'ONG ajoute avoir identifié comme "lieu possible de lancement de l'attaque" le village de Kounié, dans la région de Kharkiv, alors sous contrôle russe. Le 8 avril 2022 peu avant 10H30, alors que des milliers de civils se pressaient pour fuir la région menacée d'une offensive majeure des troupes russes, un missile Totchka-U équipé de bombes à sous-munitions avait frappé la gare de Kramatorsk, le principal centre d'évacuation de la région.

Soixante et une personnes avaient été tuées et plus de 160 blessées, d'après le bilan de la mairie de Kramatorsk, HRW arrivant pour sa part au chiffre d'au moins 58 civils tués. HRW a enquêté à Kramatorsk du 14 au 24 mai 2022, interrogeant des témoins et victimes de l'attaque et analysant "plus de 200 photos et vidéos". L'ONG s'est aussi rendue à Kounié les 10 et 11 janvier, après sa libération par l'armée ukrainienne, où elle a parlé avec une quinzaine d'habitants.

La Chine "très inquiète" du conflit en Ukraine, appelle à "promouvoir le dialogue"

La Chine, "très inquiète" du conflit en Ukraine, qui "s'intensifie et devient même hors de contrôle", appelle à "promouvoir le dialogue", a déclaré mardi le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang. "Nous continuerons à promouvoir le dialogue de paix (...) et travailler avec la communauté internationale pour promouvoir le dialogue et la consultation, répondre aux inquiétudes de toutes les parties et chercher la sécurité commune", a-t-il ajouté lors d'une conférence à Pékin.

Ces déclarations surviennent après que le gouvernement chinois a démenti lundi envisager de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, comme l'avait affirmé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui estimé qu'une éventuelle livraison d'armes par la Chine à la Russie constituerait une "ligne rouge" pour l'Union européenne.

"Nous demandons aux pays concernés de cesser au plus vite de jeter de l'huile sur le feu, de cesser de rejeter la faute sur la Chine et de cesser de faire du tapage en criant +Aujourd'hui l'Ukraine, demain Taïwan+", a lancé mardi le ministre chinois des Affaires étrangères, en référence au territoire que revendique la Chine.

Visite surprise à Kiev de Biden qui promet plus d'aide militaire

Joe Biden a effectué une visite surprise à Kiev lundi, promettant de nouveaux armements et un soutien "indéfectible" à son allié ukrainien, avant de se rendre en Pologne à quelques jours du premier anniversaire de l'invasion russe. Le président américain Joe Biden est arrivé en train lundi soir à la gare de Przemysl, dans le sud-est de la Pologne, en provenance d'Ukraine, avant de prendre un avion pour Varsovie.

Il doit rencontrer mardi à Varsovie les dirigeants polonais, qui sont parmi les principaux soutiens européens de Kiev, et prononcer un discours très attendu. "Le président Biden et moi-même, nous avons parlé aujourd'hui de tout ce que nous devons faire afin remporter ensemble cette année une victoire dans cette guerre lancée par la Russie", a déclaré dans son adresse quotidienne le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'issue de la visite.

Par mesure de précaution, Washington avait averti Moscou "quelques heures avant" du départ du président américain pour sa première visite dans la capitale ukrainienne depuis le début le 24 février 2022 de l'invasion de l'Ukraine, selon le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Une fois arrivé, Joe Biden a annoncé que son pays accroîtrait une fois encore l'aide qu'il apporte à l'Ukraine. "Je vais annoncer la livraison d'autres équipements essentiels, notamment de munitions d'artillerie, de systèmes antiblindage et de radars de surveillance aérienne", a-t-il assuré.