Bombardements Kiev 2:09
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Nicolas Tonev (sur place), avec AFP , modifié à
Au vingtième jour de l'invasion russe en Ukraine, les bombardements se sont intensifiés, notamment à Kiev. Au moins quatre personnes ont été retirées mortes et une quarantaine d'autres dégagées vivantes d'un immeuble d'habitation, après une frappe russe, tandis que les pourparlers ont repris. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

L'offensive russe en Ukraine s'est intensifiée mardi, avec une série de frappes sur Kiev placée sous couvre-feu, alors que trois Premiers ministres européens défiaient les bombes de Moscou en visitant la ville en signe de solidarité. Des pourparlers russo-ukrainiens visant à arrêter le bain de sang se poursuivaient, après une concession importante du président ukrainien Volodymyr Zelensky, prêt à renoncer à adhérer à l'Otan.

Les principales informations à retenir :

- Zelensky exclut une adhésion de l'Ukraine à l'Otan

- reprise des pourparlers entre Russes et Ukrainiens

- les frappes russes se multiplient sur Kiev

- couvre-feu décrété ce mardi pendant 35 heures

- trois Premiers ministres européens présents à Kiev

Trois Premiers ministres européens à Kiev

Les Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne en train, sont arrivés mardi soir à Kiev pour affirmer "le soutien sans équivoque" de l'Union européenne à l'Ukraine. Ils se sont entretenus avec le président Zelensky et son Premier ministre Denys Chmygal.

Après la rencontre, Mateusz Morawiecki a appelé l'UE à "très rapidement donner à l'Ukraine le statut de candidat" à l'adhésion au bloc européen. "Nous ne vous laisserons jamais seuls. Nous serons avec vous parce que nous savons que vous vous battez non seulement pour votre liberté (...) mais aussi pour nous", a-t-il tweeté.

Le vice-Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski, également du voyage, a réclamé une "mission de paix" de l'Otan, "protégée par les forces armées", pour "fournir une aide humanitaire et pacifique en Ukraine", selon l'agence polonaise PAP.

Quatre morts dans l'incendie d'un immeuble à Kiev

Mardi matin, quatre personnes ont été retirées mortes et une quarantaine d'autres dégagées vivantes d'un immeuble d'un quartier ouest de Kiev, Sviatochine, selon un bilan des autorités locales. Le bâtiment de 15 étages s'est embrasé mardi après avoir été touché par une frappe, selon les services de secours ukrainiens.

Un autre immeuble a été touché dans le quartier nord-ouest de Podil, plus proche du centre-ville, faisant un blessé. "L'explosion a été énorme", raconte Alla Rahulina, en sanglots, la voix tremblante, après avoir été réconfortée par des voisins. Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses quelque trois millions d'habitants depuis le début du conflit le 24 février.

Selon le maire, la capitale de l'Ukraine, encerclée par les forces russes, se serait vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants. De plus, dans cette région, l'aéroport de Dnipro a subi des "destructions massives" après deux bombardements russes, d'après les autorités régionales.

Un couvre-feu décrété à Kiev

La mairie de Kiev a imposé un couvre-feu de 35 heures à partir de mardi 15 mars au soir dans la capitale ukrainienne qui vit un "moment dangereux et difficile", a annoncé le maire Vitali Klitschko. La circulation sera interdite dans la ville "à partir d'aujourd'hui" à 20 heures (18 heures GMT) et jusque 7 heures (5 heures GMT) jeudi, a annoncé sur Telegram l'ancien champion du monde de boxe, après que Kiev a été bombardée à plusieurs reprises mardi matin. Ce couvre-feu doit permettre aux autorités ukrainiennes de réaliser des opérations "de nettoyage", c'est-à-dire de recherche d'infiltrés russes dans la ville.

Des négociations en cours

La ville désertée attendait néanmoins la visite des Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne mardi, en train, pour rencontrer le président Zelensky et le Premier ministre Denys Chmygal, selon un communiqué de la présidence polonaise. L'objectif de cette visite est de "réaffirmer le soutien sans équivoque de l'ensemble de l'Union européenne" à l'Ukraine, et de lui "présenter un vaste ensemble de mesures de soutien".

Cette visite, la première annoncée de dirigeants étrangers depuis le début de la guerre, intervient alors qu'ont repris mardi après-midi des pourparlers russo-ukrainiens, après environ 24 heures de pause. "Les négociations sont en cours", a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, négociateur-en-chef côté ukrainien. Au menu des discussions figurent notamment "un cessez-le-feu et le retrait des troupes" russes du territoire ukrainien.

Zelensky exclut une adhésion à l'Otan

Le président Zelensky a semblé faire une concession importante, disant qu'il fallait admettre que l'Ukraine ne rejoindra jamais l'Otan, quelques jours après avoir dit avoir "tempéré sa position" sur la question de l'adhésion.

"Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C'est la vérité et il faut le reconnaître", a déclaré le président ukrainien lors d'une réunion avec des responsables occidentaux. Vladimir Poutine avait justifié en partie l'invasion de l'Ukraine par la crainte de voir cette ex-république soviétique rejoindre l'alliance militaire occidentale qu'il considère comme une menace existentielle pour la Russie.

Une frappe contre une tour de télévision fait 19 morts

En attendant une éventuelle percée dans les discussions, la Russie élargit néanmoins son offensive à l'ensemble du pays, après avoir évoqué lundi "la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées".

L'offensive vise désormais aussi l'ouest du pays. Après des frappes sur une base militaire proche de la Pologne dimanche, une frappe lundi contre une tour de télévision près de Rivne a fait 19 morts, selon le dernier bilan mardi des autorités locales. Les combats se rapprochent aussi de la grande ville de Dnipro, stratégique pour sa situation centrale sur le fleuve Dniepr. Son aéroport a été bombardé et largement détruit dans la nuit de lundi à mardi, selon son maire.

2.000 voitures ont pu sortir de Marioupol par un couloir humanitaire

Dans le sud du pays, les Russes tentent toujours de prendre Marioupol, ville portuaire stratégique sur la mer d'Azov, assiégée depuis des jours, selon l'état-major ukrainien.

Quelque 2.000 véhicules ont pu quitter mardi la ville en direction de Zaporojie via un couloir humanitaire, en plus de 160 voitures lundi, selon la municipalité. Mais jusqu'à 300.000 personnes sont coincées, terrées dans des caves et privées de tout.

Plus à l'ouest, Mykolaïv, dernier verrou sur la route d'Odessa, sur la mer Noire, est aussi régulièrement bombardée.  Dans une maternité de la ville, les femmes sont déjà habituées, quand retentissent les sirènes d'alerte, à descendre au sous-sol, où une salle d'accouchement a été aménagée, a constaté l'AFP. "En temps de paix, c'était un lieu utilisé par les plombiers, les techniciens. Il y a quatre ou cinq jours, nous avons eu deux femmes qui ont accouché simultanément dans cette pièce", raconte le médecin-chef, Andriy Hrybanov.

Trois millions de réfugiés

En près de trois semaines de conflit, plus de trois millions de personnes ont fui l'Ukraine, majoritairement vers la Pologne, a indiqué mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dont 1,4 million d'enfants, soit "pratiquement un enfant par seconde", selon l'Unicef.

Nouvelles sanctions

Après trois semaines de guerre, un quatrième train de sanctions de l'Union européenne devait entrer mardi en vigueur, incluant des mesures contre l'accès aux marchés, les exportations de biens de luxe ou l'appartenance à des institutions financières internationales.

Un yacht d'un oligarque russe d'une valeur de près de 128 millions d'euros a notamment été immobilisé lundi à Barcelone (Espagne) dans le cadre de ces sanctions, selon le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. "Et d'autres sont à venir", a-t-il prévenu. Le gouvernement britannique a aussi annoncé de nouvelles sanctions, avec notamment des droits de douane punitifs sur la vodka et une interdiction d'exporter des produits de luxe vers la Russie.

Les trains de sanctions occidentales précédents ont déjà gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes à l'étranger, qui pourraient empêcher la Russie d'honorer plusieurs échéances de paiement de dettes en devises étrangères en mars-avril. La Russie a accusé lundi l'Occident de vouloir ainsi provoquer un défaut de paiement "artificiel" par ses sanctions. Moscou a par ailleurs proposé à ses partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU de voter mercredi sur une résolution "humanitaire" liée à son "opération militaire spéciale", selon des diplomates russes.