Le chaos s'est abattu lundi matin sur le métro hongkongais, en raison d'opérations de blocage des rames et d'une grève générale lancée par les manifestants prodémocratie pour accroître la pression sur les autorités pro-Pékin.
Des militants sont descendus dans des stations de métro à l'heure de pointe et ont maintenu délibérément les portes de wagons ouvertes pour empêcher les rames de partir, provoquant de longues files d'attente et causant parfois des accrochages entre des usagers en colère et des manifestants. Par ailleurs, plus de 100 vols ont été supprimés à l'aéroport de Hong Kong, l'un des plus fréquentés du monde.
La cheffe de l'exécutif accuse les manifestants de vouloir "renverser Hong Kong"
Si certains usagers étaient échaudés par ce rare chaos dans les transports en commun d'ordinaire très fiables, beaucoup confiaient soutenir une mobilisation née début juin du rejet d'un projet de loi controversé qui devait permettre d'autoriser les extraditions vers la Chine. Le texte a depuis été suspendu, et le mouvement s'est élargi à des revendications en matière de démocratie et à la dénonciation d'un recul des libertés à Hong Kong alors que de nombreux habitants ont le sentiment que Pékin durcit son emprise sur le territoire rétrocédé par Londres en 1997.
Protesters at Hong Kong subway stations are holding doors open so the trains can't leave. At least eight subway lines are being affected https://t.co/iPZMa2P5rQpic.twitter.com/pcPS5KrJvw
— CNN International (@cnni) August 5, 2019
La cheffe de l'exécutif Carrie Lam est sortie de sa réserve lors d'une rare conférence de presse pour accuser les protestataires de tenter de "détruire" la vie des Hongkongais. "Nous avons vu récemment, c'est très clair, que les gens proposent de manière impertinente de 'reprendre Hong Kong, la révolution de notre temps' (...) et de contester la souveraineté nationale du pays", a déclaré Mme Lam à la presse en référence à un slogan couramment utilisé lors des manifestations. "J'ose affirmer que cela vise à renverser Hong Kong, à détruire complètement la précieuse vie de plus de sept millions de personnes", a-t-elle averti.
Accusant les manifestants de pousser la ville "au bord d'une situation très dangereuse", elle a réaffirmé: "Le gouvernement sera ferme pour maintenir la loi et l'ordre et rétablir la confiance."
Une nouvelle journée de manifestations lundi
Lors d'une conférence de presse samedi, les organisateurs de la grève -dont beaucoup avaient le visage masqué pour ne pas être reconnus et éviter de futures poursuites judiciaires- ont affirmé que 14.000 travailleurs d'une vingtaine de secteurs s'étaient engagés à participer à l'action de lundi. Fonctionnaires, travailleurs sociaux, pilotes d'avion, chauffeurs de bus... Des employés de nombreuses branches avaient confirmé leur intention de faire grève ou de se mettre en arrêt de travail lundi, et même certains travaillant à Disneyland. En plus de la grève, les manifestants projettent des rassemblements dans sept quartiers de la ville.
Ce lundi sera la quatrième journée consécutive de manifestations, et risque d'être l'occasion de nouveaux heurts avec les forces de l'ordre, alors que les affrontements semblent de plus en plus violents. En vertu du principe "Un pays, deux systèmes", Hong Kong jouit jusqu'en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s'inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord et accroître sa mainmise.