Il y a 70 ans, l’Allemagne nazie capitulait...à Reims

Capitulation nazie 8 mai 45 Reims AFP 1280
La salle de classe où a été signée la capitulation a été conservée à l'identique. © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Laure Dautriche avec J.R. et AFP
Le 7 mai 1945, la capitulation nazie était signée dans une école de Reims, dans une salle de classe toujours intacte. 

C’est une date reléguée aux oubliettes de l’histoire. Le 7 mai 1945, un jour en avance sur le calendrier officiel, l’Allemagne nazie capitulait à Reims. A 2h41, elle reconnaît sa défaite dans le quartier général d’Eisenhower, situé dans un collège de la ville de Champagne-Ardennes. Mais Staline, furieux que la paix soit signée dans un territoire sous contrôle américain, exigea un nouvel acte de reddition le lendemain à Berlin, qu’il obtint le 8 mai 1945. Seule cette date, par la volonté du leader soviétique, resterait donc dans l’Histoire. Pourtant, la salle de classe où fut signée la reddition des Nazis, le 7 mai, est aujourd’hui encore visitée par des touristes du monde entier. Europe 1 s’est rendue sur place.

Une petite salle toujours intacte. Cet instant historique s’est déroulé dans une petite salle de classe d’un collège de la rue Jolicoeur, aujourd’hui rue Franklin Roosevelt. Soixante-dix ans après, les lieux sont intacts. Une carte de l’Europe un peu jaunie, avec les punaises marquant les positions des alliées en mai 1945 et l’Allemagne prise en étau, est toujours accrochée aux murs. Au centre de la pièce trône la longue table en bois ou le chef de l’état major allemand, le général Alfred Jodl, a signé la défaite, assis face aux officiers alliés.

"C’était une horreur". Autour de la table ce 7 mai 1945 l’atmosphère est grave et tendue. Juste à côté, une dactylographe anglaise d’à peine 20 ans doit taper l’acte de capitulation. Avant de mourir, elle a raconté ce moment il y a quelques années au conservateur du musée de la Reddition, Marc Bouxin. "Elle m’a dit que c’était une horreur parce qu’il y avait des pourparlers, on changeait de phrase, on rajoutait un mot, il fallait recommencer à zéro. Elle avait tout à fait conscience de l’importance historique du document qu’elle était en train de taper. Et lorsque la dernière version qu’elle a tapée était la bonne, elle s’est effondrée nerveusement en larmes. L’officier est ensuite revenu avec une flûte de champagne pour la réconforter", raconte-t-il.

Des cendriers blancs en porcelaine volés par un général américain. Le court texte signé par le général américain Walter Bedell-Smith, adjoint d'Eisenhower, et l'officier de liaison russe Ivan Sousloparov, enjoint aux troupes allemandes de cesser le feu le 8 mai à 23h01 et de se conformer aux ordres des forces expéditionnaires des alliés occidentaux et du Haut commandement soviétique. Dans son bureau à l’étage, le général Eisenhower récupère alors les deux stylos Waterman qui ont servi pour la signature et fait le célèbre V de la victoire. Sur la table, ce jour là, il y a aussi des cendriers blancs en porcelaine. Ils seront volés par un général américain qui voulait garder un souvenir. Un vétéran américain viendra les rapporter à Reims, 50 ans plus tard.