INFO EUROPE 1 – Selon le renseignement américain, le nouveau président syrien n’a pas renié son passé de djihadiste
Emmanuel Macron doit recevoir ce mercredi, à l’Élysée, Ahmed al-Charaa, le nouveau président intérimaire syrien, une venue qui agite au plus sommet de l’État, notamment dans les cercles sécuritaires. Ahmed al-Charaa jure avoir abandonné le turban des djihadistes, mais selon une information Europe 1, le renseignement américain reste très sceptique sur ce soi-disant retournement.
Le président de la République, Emmanuel Macron, doit recevoir dans les prochaines heures, à l’Élysée, Ahmed al-Charaa, le nouveau président intérimaire syrien. Une visite qui suscite de vives inquiétudes dans les cercles sécuritaires.
Ahmed al-Charaa, plus connu sous son nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani, est l’actuel leader du HTC, une ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie. Il a également dirigé le Front al-Nosra, organisation classée comme terroriste par les Nations Unies.
En raison de ce passé, il n’a normalement pas le droit de voyager, mais une exemption a été accordée par l’ONU pour permettre sa venue à Paris. L’intéressé affirme avoir renoncé à son passé djihadiste, mais cette déclaration ne suffit pas à rassurer les services occidentaux.
Une influence toujours présente
Les États-Unis pointent le fait que Damas ne répond pas aux attentes, notamment en ce qui concerne la gestion des postes de pouvoir au sein de l’appareil sécuritaire syrien qui sont pratiquement tous occupés par des proches de l’ancien djihadiste.
Par ailleurs, selon une note du renseignement américain qu’Europe 1 s’est procurée, le nouveau gouvernement distribue "à tout-va" des passeports syriens aux anciens djihadistes étrangers, ce qui représente un "un vrai danger" pour les pays occidentaux, écrivent les services de la Maison-Blanche.
Une Syrie en crise
La situation en Syrie continue de se dégrader. Une source diplomatique de l’Otan alerte : la Syrie risque de devenir "un autre Gaza". En fin de semaine dernière, un bilan provisoire faisait état d’une centaine de morts, majoritairement druzes, dans des violences confessionnelles. Ces drames s’ajoutent aux 1.300 enfants, femmes et hommes tués en mars dernier, principalement des alaouites.
Le renseignement américain estime que "les minorités ne sont pas protégées". Elles "subissent les mêmes horreurs", peut-on lire, "que pendant l’âge prospère de l’État islamique". En outre, aucune preuve concrète ne montre, à ce jour, qu’al-Joulani ait l’intention de démanteler ou de combattre "les groupes terroristes qui pullulent [aujourd’hui] en Syrie".