La pression est (encore) montée d’un cran. En plus de brandir la menace du nucléaire et de prévenir que les Américains seront "écrasés", la Corée du Nord s’en prend depuis mercredi à un véritable symbole. Le site industriel de Kaesong, situé sur son territoire mais qui accueille des entreprises et des salariés de Corée du Sud, a en effet été bloqué pour la deuxième journée consécutive.
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Tout près de la zone démilitarisée. Kaesong a été inauguré en 2003, rappelle France 24. Le site, qui accueille des entreprises sud-coréennes, est pourtant situé sur le territoire nord-coréen, à une dizaine de kilomètres de la très sensible zone démilitarisée qui marque la frontière entre les deux pays.
On y fabrique de tout. 123 entreprises industrielles sud-coréennes y sont installées, produisant du textile, des ustensiles de cuisine, des pièces détachées automobile ou encore des semi-conducteurs. Ces sociétés emploient plus de 50.000 Nord-Coréens. Pyongyang a menacé de les retirer "si les marionnettes sud-coréennes et les médias conservateurs continuent à dénigrer la Corée du Nord". Quant aux salariés sud-coréens, ils sont libres de partir et 220 ont déjà fait ce choix, sans savoir s’ils pourront regagner leur lieu de travail. 600 autres ont préféré rester.
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Le vestige d’une tentative de "coopération". La zone de Kaesong était "le dernier vestige de toute une série de projets de coopération" entre les deux Corées, initiés lors d’une période de détente dans les années 2000, notent Mark Manyin et Dick Nanto, spécialistes américains de l’Asie et du commerce, auteurs d’un rapport sur le sujet. Le complexe industriel a été pensé par Séoul comme un moyen de fournir aux entreprises du Sud une main-d’œuvre bon marché et de pousser le Nord à réformer son économie. Aujourd’hui, il sert aussi d’indicateur sur l’état des relations entre les deux pays, un indicateur clairement dans le rouge.
Le vaste pôle industriel de Kaesong est pourtant crucial pour l’économie nord-coréenne. Les entreprises sud-coréennes représentent une véritable manne pour l’emploi. Chaque année, 90 millions de dollars de salaires sont versés directement au gouvernement nord-coréen, qui se charge ensuite de redistribuer l’argent aux salariés, non sans en avoir prélevé une partie, selon France 24. Au total, le projet contribue à hauteur de 2 milliards de dollars au commerce nord-coréen chaque année, indique Reuters.
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Des incidents dès 2010. Ce n’est cependant pas la première fois que Kaesong est bloqué : en 2009, juste après son deuxième essai nucléaire, la Corée du Nord avait déjà fermé l’accès aux salariés du Sud, rappelle Le Monde. A l’époque, le blocage n’avait duré que quelques jours.