De violents affrontements ont opposé depuis plusieurs mois les autorités et les manifestants à Hong Kong. 1:48
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Julien Ricotta et Didier François avec AFP
La Chine a présenté vendredi une loi "sur la sécurité nationale" pour tenter d’étouffer le mouvement pro-démocratie à Hong Kong. Cette initiative a aussitôt provoqué un tollé dans l’ex-colonie britannique et dans le monde entier, Etats-Unis en tête.

En pleine pandémie de coronavirus, la Chine montre les muscles. Pékin a présenté vendredi une loi sur "la sécurité nationale" pour tenter de reprendre le contrôle à Hong Kong, secoué depuis des mois par un mouvement pro-démocratie. Ce texte, qui vise à réprimer les opposants au pouvoir central, a aussitôt suscité de vives inquiétudes dans l’ex-colonie britannique et sur la scène diplomatique. Car cette initiative, qui devrait être validée dans les prochains jours, pourrait bien sonner le glas de l’autonomie d’Hong Kong.

Un arsenal juridique complet pour prendre la main sur la répression

Le Congrès national du peuple, la plus haute instance législative de Chine, s’est ouvert vendredi. Mais derrière les hymnes, les sourires et les applaudissements, le régime communiste est bel et bien passé à l’offensive contre le mouvement démocratique. Un sujet prioritaire pour les dirigeants du Parti, avant même les discussions sur les modalités de sortie de la pandémie de coronavirus ou la façon de relancer l’économie chinoise.

Une des premières décisions de ce Congrès national du peuple a en effet été de présenter une loi sur "la sécurité nationale" à Hong Kong. Le texte, qui comprend sept articles, affirme vouloir "prévenir, stopper et sanctionner" dans le territoire "tout acte visant à diviser le pays, renverser le pouvoir, organiser et mener des activités terroristes" ou tout comportement "mettant gravement en danger la sécurité nationale".

En clair : un arsenal juridique complet qui permet à Pékin de prendre directement la main sur la répression à Hong Kong, près d'un an après le début des grandes manifestations qui ont secoué le territoire et donné lieu à de violents affrontements avec les policiers.

Indignation dans les milieux pro-démocratie et sur la scène diplomatique

Dans la foulée de la présentation de ce texte, l’inquiétude a gagné l’ancienne colonie. "C'est la plus importante arme nucléaire jamais employée par le Parti communiste chinois pour détruire Hong Kong", a tonné Jimmy Sham, responsable du Front civique des droits de l'Homme, à l'origine de la grande manifestation qui a marqué, l'an dernier, le coup d'envoi de plusieurs mois de contestation.

Les réactions internationales ont été de la même tonalité. L’Union européenne a exhorté la Chine à respecter l’autonomie du territoire. Les Etats-Unis ont eux appelé "fermement" Pékin à "reconsidérer sa proposition scandaleuse", ce qui pourrait faire monter d’un cran les tensions déjà vives entre les deux superpuissances.

Une loi qui pourrait relancer l’instabilité

L’autonomie d’Hong Kong était pourtant inscrite dans le marbre. Au moment de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, en 1997, Pékin avait promis de respecter le principe d’un pays unifié, mais avec deux systèmes politiques différents. Mais aujourd’hui, le régime tente d’imposer à Hong Kong le système communiste, au nom de l’unité inaliénable de la Chine.

L’issue du vote, qui devrait intervenir le 28 mai prochain au parlement, ne fait cependant aucun doute, l’Assemblée étant soumise au Parti communiste. Une mise en place aux forceps qui risque de relancer l'instabilité à Hong Kong, et pourrait provoquer, à nouveau, de graves troubles.