La Russie empiète-t-elle sur le territoire géorgien via l'Ossétie du Sud, indépendante mais sous influence russe ? Tbilissi a accusé mardi Moscou de déplacer les marqueurs de la frontière entre la Géorgie et l'Ossétie du sud, augmentant ainsi le territoire ossète aux dépens du sien.
La Géorgie accuse. Selon Tbilissi, des marqueurs ont récemment été déplacés par Moscou à proximité de trois villages géorgiens. Les champs de certains habitants se seraient alors retrouvés au-delà de la ligne de démarcation, en territoire ossète. Le ministère géorgien des Affaires étrangères a estimé qu'il s'agissait "encore d'un acte provocateur de Moscou qui menace la sécurité et la stabilité, et viole les droits fondamentaux des habitants".
"La Géorgie appelle une fois de plus la Fédération de Russie à tenir ses engagements internationaux et à éviter les actions pouvant mener à une future escalade", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"L'ennemi nous teste". La ministre géorgienne de la Défense, Tina Khidacheli, a affirmé de son côté que le gouvernement devait "aider les habitants sur place aussi vite et efficacement que possible". "L'ennemi teste notre patience chaque jour", a commenté lundi le président Guiorgui Margvelachvili.
Quel serait l'intérêt de Moscou ? Tbilissi soupçonne la Russie de vouloir grignoter le territoire géorgien afin de faire passer en Ossétie du sud une partie de l'oléoduc reliant Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, au port géorgien de Soupsa, sur la mer Noire. Cet oléoduc, long de 830 kilomètres et d'une capacité d'environ 100.000 barils de brut par jour, est destiné aux marchés européens.
En mars, Moscou a signé une série d'accords avec l'Ossétie du Sud lui permettant d'étendre son contrôle sur ce territoire de 3.000 m² et de 50.000 habitants, ce qui avait provoqué la colère de Tbilissi.
Un différend qui ne date pas d'hier. La Russie a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud à l'issue de la brève guerre qui l'a opposée à la Géorgie en août 2008. Moscou a depuis installé des bases militaires dans ces deux régions représentant environ 20% de la totalité du territoire géorgien, ce que Tbilissi qualifie d'"occupation".