1:04
  • Copié
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture avait fixé comme but d’éradiquer la faim dans le monde d’ici 2030. A cause de la crise du coronavirus, mais pas seulement, il y a peu de chance que l’objectif soit atteint. Pauline Verrières, de l'ONG "Action contre la faim", en appelle aux Etats mardi sur Europe 1.
INTERVIEW

C’est l’une des conséquences les plus dramatiques de la pandémie de coronavirus : la malnutrition s’aggrave dans le monde. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), celle-ci touchait déjà l'an dernier environ 690 millions de personnes, 8,9% de la population mondiale. "Si la tendance se poursuit, on estime que d'ici à 2030, ce nombre dépassera les 840 millions de personnes. Ça signifie clairement que l'objectif (d'éradiquer la faim d'ici à 2030, établi par l'ONU en 2015, ndlr) n'est pas en voie d'être atteint", a déclaré Thibault Meilland, analyste des politiques au sein de la FAO. "C’est très inquiétant", s’alarme Pauline Verrière, de l'ONG "Action contre la faim", interrogée mardi sur Europe 1. 

"Sans la crise Covid, on voit que les chiffres de la faim sont en train d’augmenter, et le rapport est assez clair pour dire que, étant donné la voie sur laquelle on est, nous n’atteindrons pas les objectifs de développement durable en 2030, qui est zéro faim. Et le Covid vient ajouter à un nombre déjà très conséquent de personnes qui sont en situation d’insécurité alimentaire", poursuit Pauline Verrière. La responsable du pôle Systèmes alimentaires et crise climatique de l’ONG évoque "entre 80 et 130 millions de personnes supplémentaires" concernées.

Pour autant, Pauline Verrière veut tirer du positif de la réaction des Etats. "Ce qui est intéressant avec la crise du Covid, c’est de voir que les Etats ont réussi à se mobiliser, et se mobiliser de manière très drastique pour répondre à cette crise. Donc on peut espérer qu’il va y avoir une prise de conscience similaire à la crise alimentaire qui est en train de se jouer", veut-elle croire. "On espère que les Etats vont arrêter de prétendre que ce n’est pas possible d’agir, alors que quand on voit qu’il y a une pression importante, ils sont capables d’agir."