"Allez, on va essayer autre chose". D’après Laurence Haïm, c’est cette idée qui explique le succès croissant auprès des Américains de Donald Trump, candidat aux primaires républicaines pour la présidentielle. La journaliste du groupe Canal +, basée depuis plus de 20 ans aux Etats-Unis, était l’invitée de David Abiker dans l’émission C’est arrivé cette semaine, samedi matin, sur Europe 1, pour parler du "phénomène Trump".
Populiste. "Un homme populiste, un ancien chef d’entreprise, un homme qui s’est réinventé dans la télévision en devenant un animateur vedette". Autant de qualificatifs dont use Laurence Haïm pour décrire Donald Trump, qui, entre rires et dérives, se situe loin de l’homme politique traditionnel, jusqu’à en devenir "embarrassant pour le parti républicain". Il "fait un spectacle permanent de la politique".
"Avec de l’argent, on peut aller très loin aux Etats-Unis". Il faut dire que l’homme d’affaires est "un homme qui n’a peur de rien" et, surtout, "qui a sur son compte en banque plus de quatre milliards de dollars". Une fortune non négligeable lorsque l’on sait, comme l’explique Laurence Haïm, "qu’avec de l’argent, on peut aller très loin aux Etats-Unis". "Quand on a envie d’être président et de faire un spectacle quotidien, cela marche", estime cette journaliste qui connaît particulièrement bien le pays.
"Il ne fait pas de la politique comme les autres". Comment expliquer l’ascension politique du milliardaire à la mèche rousse ? "Il correspond à ce que les gens ont envie de voir : c’est-à-dire quelqu’un qui ne fait pas de la politique comme les autres, qui monte sur scène, fait des déclarations très provocatrices, joue sur l’anxiété des gens", analyse-t-elle. Donald Trump "fait le show, a de l’énergie, fait rire et, en même temps, dit des choses horribles". Mais ça fonctionne : après avoir lancé l’idée d’empêcher les musulmans d’entrer aux Etats-Unis, Donald Trump a vu sa côte de popularité grimper auprès de l’électorat républicain, d’après le JDD.
"Vulgaire, outrancier", le magnat de l’immobilier "s’amuse de ses défauts", ajoute Laurence Haïm. "C’est le populisme au plus bas niveau, mais ça marche. Il a compris ce que les électeurs voulaient : le rejet de la politique traditionnelle", poursuit-elle. "C’est un homme qui fait ce qu’il veut et ça marche".
Candidat anti-système. Pourquoi un tel rentre-dedans séduit-il ? Parce que Donald Trump capitalise sur les désillusions et les déceptions des Américains. Aucun visage ne semble pouvoir incarner l’envie de renouveau des Américains en politique. Hillary Clinton ? "Cela fait 30 ans qu’elle existe", explique Laurence Haïm. "Il y a énormément de monde aux Etats-Unis qui veut autre chose de la politique". Ces "déçus par le système", "de la manière dont Washington marche", sont les premiers soutiens du milliardaire qui aspire à la Maison Blanche.
>> Retrouvez chaque samedi matin l'émission de David Abiker, C'est arrivé cette semaine, de 9 à 10 heures, sur Europe 1