Le Sénat vote jeudi pour arrêter le "shutdown", sans réel espoir d'avancée

Les sénateurs vont tenter de s'accorder sur un texte jeudi pour mettre fin au "shutdown" qui paralyse de plus en plus le pays.
Les sénateurs vont tenter de s'accorder sur un texte jeudi pour mettre fin au "shutdown" qui paralyse de plus en plus le pays. © ZACH GIBSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP , modifié à
Alors qu'une partie de l'administration est paralysée depuis le 22 décembre, le Sénat américain va tenter de s'accorder sur un texte mettant fin au "shutdown". Le financement de la construction du mur à la frontière mexicaine, voulue par le président, reste le sujet clivant. 

Le Sénat américain doit tenter jeudi de s'accorder sur un texte mettant fin au "shutdown", la fermeture partielle de l'administration fédérale faute de financement du Congrès, qui est entré mardi dans son second mois et pèse sur l'économie et le moral des Américains.

La construction du mur comme point d'achoppement. Depuis le 22 décembre, une partie du gouvernement fédéral est paralysée par un bras de fer entre les Démocrates au Congrès et la Maison-Blanche sur le financement d'un mur anti-immigration à la frontière avec le Mexique. Le président Donald Trump réclame 5,7 milliards de dollars (soit 5 milliards d'euros) pour construire le mur, sa principale promesse de campagne qui doit endiguer, selon lui, le trafic de drogue et l'entrée de clandestins. 

L'opposition refuse catégoriquement, jugeant ce projet "immoral", coûteux et inefficace, et demande la réouverture des administrations comme préalable à des discussions sur la sécurité des frontières et sur l'immigration.

Trump propose un compromis. La proposition républicaine, qui assure un financement du gouvernement jusqu'en septembre, inclut l'enveloppe pour le mur ainsi qu'une concession accordée samedi par Donald Trump : un sursis de trois ans pour un million d'immigrants directement menacés d'expulsion. Le président républicain a mis dans la balance un sursis de trois ans pour les bénéficiaires d'autorisations de résidence abrogées par son administration : quelque 700.000 jeunes entrés illégalement dans le pays avec leurs parents et environ 300.000 titulaires du statut de protection temporaire (TPS). 

Mais les démocrates ont refusé cette "compilation de plusieurs initiatives déjà rejetées par le passé". Le milliardaire s'est, dans le même temps, aliéné la frange de son électorat opposée à toute idée d'"amnistie" pour les clandestins. Le texte démocrate n'évoque pas le budget pour le mur et propose la réouverture des administrations jusqu'au 8 février, pour relancer le débat sur la sécurité aux frontières.

Une situation inextricable. Pour être approuvé, un texte doit obtenir 60 voix au Sénat où les Républicains détiennent 53 des 100 sièges. Et il faut aussi qu'il franchisse la Chambre des représentants, désormais aux mains des Démocrates. Selon un responsable républicain, le texte démocrate a peu de chances de passer et, si jamais il l'était, le président y opposerait son veto. Et il apparaît peu probable que les sénateurs républicains puissent convaincre des Démocrates de s'associer à leur proposition.

Un statu quo qui a de plus en d'impact. Si le "shutdown" touche directement 0,5% des travailleurs américains, il commence à affecter indirectement le moral de plus de la moitié des consommateurs, selon une enquête de l'université du Michigan. Il pèse aussi sur l'économie et la croissance, sur fond de ralentissement mondial, préviennent les experts.

Environ 800.000 fonctionnaires fédéraux sont contraints au chômage forcé ou doivent travailler sans être payés avant la fin du blocage. Dans des ministères sensibles comme la Sécurité intérieure, la Justice ou les Transports, les effectifs ont été réduits au minimum. Le syndicat des agents de la police fédérale (FBI) a présenté mardi un recueil de témoignages d'agents signalant leurs difficultés.

Ce "shutdown", le plus long de l'histoire du pays, commence aussi à avoir un coût politique. Une majorité d'Américains rendent les Républicains et la Maison-Blanche responsables de la situation, selon plusieurs sondages.