Les autorités de Hong Kong ont décrété mercredi, pendant plusieurs heures, le niveau d'alerte maximal à la tempête face au typhon Hato qui a paralysé la mégapole d'ordinaire frénétique, clouant au sol des centaines d'avions et provoquant la fermeture de la Bourse. Les services météorologiques (HKO) ont déclenché vers 9 heures heure locale (1 heure du matin en France) le signal d'alerte 10, le niveau maximum, face à des vents de force ouragan.
C'est la première fois en cinq ans que ce niveau d'alerte est décrété et la troisième fois seulement depuis que l'ancienne colonie britannique a été restituée à la Chine en 1997. Selon le gouvernement, les vents et les fortes pluies ont provoqué la mort d'un homme de 83 ans et fait plus de 120 blessés. À Macao, à une soixantaine de kilomètres plus au sud, cinq personnes sont mortes.
"Un arbre est littéralement passé en volant devant la maison". "L'alerte a été donnée hier soir, mais ça a vraiment commencé ce matin (mercredi matin)", a expliqué à Europe 1 Julia, une expatriée française installée à Hong Kong depuis 2015. Vers 11 heures, Hato se trouvait à peine 60 kilomètres au sud-ouest du territoire. Des vagues géantes s'écrasaient sur les côtes et certains quartiers étaient inondés à hauteur des genoux. Le typhon était accompagné de vent soufflant en rafales de 168 km/h, arrachant des arbres, des grues, des échafaudages, et même des climatiseurs qui se sont retrouvés projetés dans des vitres. "J'étais sur mon balcon dans mon village de Yuen Long quand un arbre est littéralement passé en volant devant la maison", a raconté de son côté Dave Colson, qui habite à Yuen Long, dans les Nouveaux territoires, au nord-ouest de Hong Kong.
Typhoon #Hato: Heng Fa Chuen in the east of #HongKong Island is getting hit bad https://t.co/v0a2gieIKbpic.twitter.com/I8AlX6ev7d
— SCMP News (@SCMP_News) 23 août 2017
"Tout est fermé, ça n'arrive jamais à Hong Kong". Les rues habituellement noires de monde dans l'ancienne province britannique étaient désertes mercredi, hormis quelques téméraires qui tentaient de filmer la tempête. "Il y a des détritus et des branches partout. Ça ressemble vraiment à un paysage apocalyptique", témoigne encore Julia. "Tout est fermé, ça n'arrive jamais à Hong Kong, même les supermarchés, ce que je n’avais encore jamais vu."
Comme tous les Hongkongais, la jeune femme n'est pas allée travailler et est restée chez elle, au douzième et dernier étage d'une tour de Jordan, un quartier commerçant situé sur la péninsule de Kowloon. "La loi est un peu vague. On est censé ne pas bosser avec un tel niveau d'alerte, mais certaines entreprises obligent leurs employés à travailler de chez eux." En début d'après-midi, l'alerte était retombée à 8. Si elle passe sous ce niveau avant l'heure de fermeture des bureaux, les Hongkongais sont tenus de reprendre la route du travail.
D'après les autorités aéroportuaires, 420 vols avaient été annulés à l'aube. Les autobus et le métro fonctionnaient en service minimum tandis que les services de ferry ont été suspendus. La séance de la matinée a été annulée à la Bourse.
Cinq morts à Macao. Macao, ancien comptoir portugais, a subi d'importantes inondations, selon les images des médias locaux, qui montraient des voitures sous l'eau et des gens en train de nager dans la rue. Le gouvernement, qui a fait état de cinq victimes, a indiqué qu'un homme est mort écrasé par un mur, qu'un autre est tombé d'une terrasse située au quatrième étage, et qu'un autre, un touriste chinois, a péri renversé par un camion. Aucun détail n'a été fourni sur les deux autres morts.
L'électricité a été coupée dans plusieurs quartiers et les nombreux casinos de la ville fonctionnaient grâce à des générateurs de secours, comme au Venetian, un complexe géant. Le Grand Lisboa, le plus célèbre des établissements hôteliers de l'ancien comptoir portugais, avec son gratte-ciel en forme de feuille de Lotus, était toujours privé de courant mercredi après-midi. Les casinos et les restaurants du complexe étaient hors service, selon un membre du personnel.
Vivre sous la menace. Hong Kong est régulièrement affectée par des typhons entre juillet et octobre mais il est rare que les tempêtes la touchent directement. La plus violente s'est produite en 1962. L’œil du typhon Wanda était passé sur la ville où des rafales de 284 km/h avaient été enregistrées. Cent trente personnes avaient été tuées et des milliers d'habitations avaient été rasées, faisant 72.000 sans-abri. Depuis lors, Hong Kong s'est adaptée aux typhons, par exemple en faisant en sorte que les gratte-ciel les plus élevés puissent s'incliner au gré du vent. Les procédures d'urgence sont strictes et les typhons provoquent rarement des décès.