"Maison de l'horreur" en Californie : l'énigmatique famille Turpin

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David et Louise Turpin, quinquagénaires catholiques sans histoires, sont soupçonnés d'actes de torture après que la police a secouru leurs 13 enfants, dont certains étaient enchaînés à leur lit.  

Le scénario qui semble se dessiner fait froid dans le dos. Dimanche, la police américaine a découvert ce que les médias américains appellent déjà la "maison de l'horreur" : un pavillon de Perris, à deux heures au sud-est de Los Angeles, dans lequel 13 frères et sœurs âgés de 2 à 29 ans étaient en état de malnutrition, enfermés et parfois enchaînés par leurs parents. Quarante-huit heures plus tard, les enquêteurs cherchent à affiner le profil de David et Louise Turpin, inculpés pour torture et mise en danger d'enfants, mais qu'aucun de leurs proches n'avait jamais signalé aux autorités.

"Sandcastle Day School". D'après Le Mirror, le couple s'est marié alors que Louise n'était âgée que de 16 ans, puis a vécu en Californie avant de s'installer au Texas. La famille, dont la plupart des voisins ignorait le nombre exact d'enfants, vivait à Perris depuis 2014, dans un pavillon comprenant seulement quatre chambres. Selon le site internet du département de l'Éducation, l'adresse était aussi celle d'une école privée baptisée "Sandcastle Day School", et dont David, par ailleurs employé d'une société de sécurité, est le directeur au yeux de l'administration. L'"établissement" accueillait six élèves pour l'année scolaire en cours. Il pourrait s'agit des six enfants mineurs du couple, âgés de 2 à 18 ans.

Dans un premier temps, la distinction n'a pas semblé évidente aux enquêteurs : à en juger par leur pâleur et leur maigreur extrême, chacun des 13 frères et sœurs découverts "très sales", dans une odeur "nauséabonde", faisait bien moins que son âge. L'aîné est pourtant âgé de 29 ans selon les premiers éléments de l'enquête. À ce stade, les policiers estime que les victimes, dix filles et trois garçons, sont tous bien les enfants biologiques du couple.

Une éducation "très stricte". Jusqu'en juillet 2016, les parents partageaient régulièrement des photos de famille sur leur compte Facebook commun, toujours actif. Des clichés pris à Disneyland ou à Las Vegas, où le couple a renouvelé ses vœux à plusieurs reprises devant un sosie d'Elvis. À chaque fois, l'ensemble de la fratrie pose dans la même tenue : robe et chaussures identiques pour les filles et costume assorti pour les garçons, ou t-shirt de la même couleur pour toute la famille. Chaque photo est aimée, partagée et commentée par les amis des Turpin.

Interrogés par le Daily Mail, les parents de David, qui n'ont pas vu leur fils depuis quatre ans, expliquent cette uniformité vestimentaire par la volonté de leur fils de protéger ses enfants, les repérant plus facilement lors de sorties familiales. Selon eux, l'éducation de leurs petits-enfants, qu'on ne leur passait "jamais" au téléphone, était "très stricte" et religieuse. Tous auraient été forcés de retenir de longs passages de la bible, parfois même d'essayer de "l'apprendre en entier".

Comparés à des vampires. Mais les premiers témoignages recueillis dans le quartier résidentiel, typiquement américain, semblent révéler bien plus qu'une rigueur liée à la religion. Wendy Martinez, voisine des Turpin, se souvient auprès du Daily Mail avoir récemment vu quatre enfants "à genoux devant la maison" et Louise Turpin, mère au foyer, les observant sous le porche. "Je leur ai dit bonjour et il n'y a eu aucun mouvement, pas même un regard pour voir qui parlait. Comme si on leur avait dit de ne pas répondre à qui que ce soit." Une autre riveraine dit avoir vu les enfants fouiller dans les poubelles, et plaisanter sur leur ressemblance avec la famille vampire du film Twilight, parce qu'ils étaient "vraiment, vraiment pâles, et ne sortaient que la nuit".  

Pourquoi les voisins n'ont-ils pas tiré la sonnette d'alarme ? Depuis combien de temps les enfants étaient-ils ainsi retenus ? Comment certains d'entre eux sont-ils devenus des adultes, sans parvenir à échapper à l'emprise de leurs parents ? La situation financière critique du couple, qui devait éponger plus de 500.000 dollars (environ 400.000 euros) de dettes, est-elle une piste d'explication ? Autant de questions auxquelles devront répondre les enquêteurs dans cette affaire hors normes.