Maltraités sur l'autel du tourisme de masse : sur l'île de Santorin, en Grèce, des vidéos des célèbres ânes, prisés des visiteurs, mais maltraités par leurs propriétaires, ont soulevé une vive polémique ces derniers jours. Utilisés par les touristes et les locaux pour se balader sur l'île escarpée et pour transporter des marchandises, les ânes sont devenus des "machines qu'on jette quand ils ne sont plus performants", indique le site des Observateurs de France 24. Une pétition en ligne a déjà recueilli près de 100.000 signatures pour alerter sur la maltraitance des animaux.
Paradis pour les touristes, enfer pour les ânes. Très appréciée par les touristes du monde entier, l'île de Santorin est un dédale d'escaliers à flanc de maisons, de ruelles et de sentiers serpentant dans les collines. Un paradis pour les amateurs de marche, et un calvaire pour les autres. Résultat, certains parcourent l'île à dos d'âne, un moyen de locomotion devenu un véritable business pour les propriétaires des bêtes. "Les promenades à dos d’âne commencent à 9 heures tous les matins et finissent au coucher du soleil. Les ânes font en moyenne sept allers-retours, du port jusqu’au village de Fira, soit près de 600 marches. Ils sont forcés de porter de lourdes charges, pour parcourir un trajet en pente de près de 250 mètres", explique à France 24 Maria Astradeni Scourta, membre de l’association Direct Action Everywhere Athens, un rassemblement militant notamment pour les droits des animaux.
Chaque été, la population de Santorin passe de 15.000 à plus de 70.000 habitants. Les ânes sont donc un juteux business touristique auquel s'ajoutent les trajets de locaux, qui utilisent notamment les ânes pour transporter des marchandises, comme des matériaux de construction. Et quand les bêtes fatiguent, les propriétaires n'hésitent pas à les maltraiter en les frappant avec des bâtons. C'est ce qu'ont constaté des locaux et des touristes qui ont décidé d'alerter sur ce phénomène sur les réseaux sociaux.
Mesures de protection à venir. Les associations de défense des animaux sont montées au créneau mais se heurtent aux propriétaires des ânes, qui en tirent une source de revenus non négligeable. "Les propriétaires d’ânes sont devenus très violents, ont brûlé nos bannières et ont jeté nos sacs par-dessus les escaliers", raconte Maria Astradeni Scourta, qui a participé à des manifestations. Fin juillet, les militants avaient été violemment pris à partie par des âniers.
L'écho donné aux souffrances des animaux sur les réseaux sociaux a finalement contraint le maire de la capitale Fira, à réagir. La municipalité a réuni les associations et les propriétaires et indiqué avoir obtenu des parties prenantes un accord sur une série de mesures, pour que les ânes soient "gardés à l'ombre" pendant leurs pauses, et "mieux abreuvés". Les âniers se sont aussi engagés à "limiter l'horaire de travail et la charge" des animaux et à exclure de leurs rangs les propriétaires maltraitants. Selon la mairie, les militants pro-animaux "se sont affirmés satisfaits de ces mesures, à la condition qu'elles soient respectées".