Au moins 250 civils, dont près de 60 enfants, ont été tués depuis dimanche dans d'intenses bombardements, menés par le régime syrien et la Russie, sur l'enclave rebelle de la Ghouta orientale. "La journée d'hier a été une journée effroyable. Il y a eu plus de 137 attaques aériennes, 47 jets de barils à partir d'hélicoptères, 90 missiles tirés sur la zone de la Ghouta. Jamais les Syriens n'ont eu à supporter une telle attaque", déplore sur Europe 1 le professeur Raphaël Pitti, médecin de guerre, qui s'est rendu en Syrie plus de vingt fois.
"Un nouveau massacre". En contact constant avec la population civile de la Ghouta, le professeur atteste que "six hôpitaux ont été totalement détruits" au cours de la journée de mardi. "Ce ne sont pas des bavures. Les hôpitaux sont systématiquement détruits. On veut terroriser la population, l'obliger à fuir, à céder", dénonce-t-il dans la Matinale d'Europe 1, mercredi. Dans la Ghouta orientale, où vivent près de 400.000 personnes, "on est dans un état de siège déjà depuis plusieurs mois. La population est affamée, des enfants meurent. On est dans une situation épouvantable sur le plan humanitaire. (…) C'est un nouveau massacre, c'est pire qu'Alep", s'alarme-t-il.
Concentrer les rebelles dans une seule zone. Cette sanglante campagne a été entamée au début du mois par le régime du président Bachar al-Assad, appuyé depuis mardi par l'aviation russe, et semble annoncer un assaut terrestre contre le dernier fief rebelle proche de Damas. "On va revoir le même schéma qu'à Alep : une population qui sera autorisée à sortir pour se diriger vers la zone d'Idlib, au nord-ouest. Ce sera le but de la négociation qui va sûrement se faire dans les jours à venir. Après, tout va se concentrer sur la zone d'Idlib. On aura mis là tous ceux que l'on peut considérer comme des rebelles. Et ce que nous avons vu à Alep et à la Ghouta va de nouveau se produire à Idlib", présage le médecin de guerre.
"On aurait dû prévenir cette situation". Sur Europe 1, Raphaël Pitti se dit aujourd'hui "effondré" par le silence de la communauté internationale. "On aurait dû prévenir cette situation, on la voyait arriver depuis plusieurs mois. Les convois de l'ONU ne pouvaient même pas rentrer à l'intérieur de la Ghouta pour approvisionner les populations", atteste-t-il. Mardi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a dit craindre "un cataclysme humanitaire" en Syrie et a annoncé qu'il se rendrait à Moscou et à Téhéran, les deux principaux appuis du président Assad.
Que se passe-t-il dans la Ghouta orientale en Syrie ? On vous explique en 1 minute :