Mayotte : après un nouveau week-end de violences, l'île dans l'attente de renforts policiers

Mayotte
Mayotte est le théâtre depuis plusieurs jours de violences entre jeunes de quartiers rivaux. © Gregoire MEROT / AFP
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avec AFP
Depuis plusieurs jours Mayotte est le théâtre de violences entre jeunes de quartiers rivaux provoquées par le meurtre de l'un d'entre eux, âgé de 20 ans. Le quartier de Kawéni, d'où était originaire la victime, s'était embrasé en milieu de semaine dernière après l'attaque d'un bus scolaire. Des renforts policiers sont attendus.

Mayotte, théâtre depuis plusieurs jours de violences entre jeunes de quartiers rivaux provoquées par le meurtre de l'un d'entre eux, attend mardi l'arrivée de renforts policiers pour tenter d'endiguer le phénomène, après une nuit ponctuée de troubles sporadiques.

Mamoudzou, la plus grande ville de l'île de Mayotte, département français dans l'Océan Indien, est secouée depuis une dizaine de jours par des conflits inter-quartiers qui ont fait un mort le 12 novembre, un jeune de 20 ans tué à la machette, et plusieurs blessés. Le quartier de Kawéni, d'où était originaire la victime, s'était embrasé en milieu de semaine dernière après l'attaque d'un bus scolaire. Samedi, 200 à 250 jeunes issus de ce quartier se sont réunis pour en découdre avec ceux du quartier de Doujani, plus au sud, selon la police.

Un "cycle de vendetta"

Dimanche, un automobiliste a été poignardé à Mtsapéré Bonovo, un autre quartier de Mamoudzou, selon une source policière. En ouverture d'un point de presse de son groupe parlementaire (Liot) mardi, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa a lancé un "cri de détresse" sur le "cycle de vendetta", de "barbarie et de terreur" sur l'île dans "l'indifférence générale" à Paris. 

"On parle de hordes de centaines de jeunes, la plupart d'entre eux des Comoriens en situation irrégulière, qui ont entre douze et treize ans, sont armés de machettes et qui sèment la mort", a-t-elle affirmé. "On se demande quand est-ce que trop c'est trop ? Que vaut la vie de nos enfants qui vont à l'école la peur au ventre depuis des mois ?".

"Depuis 15 ans, Mayotte l'île aux parfums est devenue l'île aux enfers", s'emporte le maire de Mamoudzou, Ambdilwahédou Soumaila. Face à cette escalade, le ministère de l'Intérieur a annoncé lundi l'envoi d'une dizaine de policiers du Raid, l'unité d'intervention d'élite de la police, qui doivent arriver mardi à Mayotte pour renforcer les forces de l'ordre.

"Aller les chercher dans les bidonvilles"

Le maire de Mamoudzou, qui a comme le reste de la classe politique mahoraise approuvé l'envoi d'unité d'élites sur l'île, demande à ce qu'elles restent "jusqu'à ce que la République reprenne ses droits". Il ne s'agit plus selon lui de juste "faire du maintien de l'ordre", "il faut les combattre, aller les chercher là où ils sont dans les bidonvilles, les quartiers reculés, les attraper et les traduire en justice", plaide-t-il.

En attendant, les forces de l'ordre ont tenu à l'écart lundi soir plusieurs groupes qui voulaient s'affronter, selon une source policière. Rebroussant chemin, des petits groupes en ont profité pour agresser des usagers de la route, selon des témoins.  Au sud de Mamoudzou, des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) sont intervenus vers 20h00 locales (18h00 à Paris) pour dégager un barrage à Tsoundzou, tandis qu'un groupe de jeunes cherchait l'affrontement avec les forces de l'ordre à Cavani.

Vers 05h00 locales, un groupe d'individus a dressé un barrage en feu près du tribunal, dans le même secteur. Les forces de l'ordre ont rapidement levé la barricade et rétabli la circulation sur cet axe routier, qui permet d'accéder à Kawéni, quartier regroupant la plus grande concentration d'entreprises et d'établissements scolaires ainsi que le plus grand bidonville du département selon une source policière. 

L'Etat appelé à assumer "pleinement sa mission régalienne de sécurité"

Le ramassage scolaire, arrêté depuis mercredi dernier dans l'île, les chauffeurs ayant fait valoir leur droit de retrait, a repris mardi matin mais sans desservir les quartiers de Kawéni et Majicavo. Mi-octobre, des maires et élus de Mayotte avaient alerté à Paris sur la violence "invivable" et croissante dans le département, exigeant que "l’État assume pleinement sa mission régalienne de sécurité". 

En visite en août, le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin avait promis des renforts de gendarmerie, qui devraient être disponibles l'été prochain.