Jusqu'à 14 heures par jour, près de cinq mois sans repos... Un rapport d'une agence de conseil britannique pointe une nouvelle fois les conditions de travail des ouvriers immigrés sur les chantiers du Mondial 2022 de football au Qatar. L'étude, publiée mercredi soir par Impactt, une agence de conseil de commerce éthique basée à Londres, estime que les longues heures de travail représentent un problème pour beaucoup des 18.500 travailleurs sur ces chantiers. Selon le rapport, 13 des 19 entreprises sous-traitantes surchargent leurs ouvriers, les faisant travailler parfois plus de 72 heures par semaine.
Cinq mois sans un seul jour de repos. "Dans le cas le plus extrême, (certains ouvriers ont travaillé) 14 heures par jour (...) et 402 heures par mois", précise Impactt. Selon les lois du Qatar, les ouvriers ne peuvent pas travailler plus de 48 heures par semaine, soit huit heures par jour, et doivent bénéficier d'au moins un jour de repos par semaine. Le rapport, commandé par le Comité organisateur du Qatar, rapporte également le cas de "huit entreprises sous-traitantes qui ont fait travailler leurs ouvriers un nombre excessif de jours d'affilée". Ainsi, dans les cas les plus extrêmes, certains ouvriers ont travaillé 148 jours de suite, soit cinq mois sans jour de repos. Impactt avait déjà publié en avril dernier une étude aux conclusions similaires.
Les ouvriers remboursés de leurs frais d'agence. Le nouveau rapport a toutefois salué une mesure introduite par le Comité organisateur du Mondial qui permet aux ouvriers s'étant acquittés de frais d'agence pour travailler au Qatar d'être remboursés par leurs employeurs. Le montant des remboursements s'élève à quelque 824.000 dollars (666.000 euros). Depuis qu'il a remporté l'organisation du Mondial 2022, le Qatar a fait l'objet de vives critiques, notamment pour le traitement de la main-d'oeuvre formée de migrants étrangers. Les autorités qataries estiment avoir fait beaucoup d'efforts pour l'amélioration des conditions de travail des ouvriers immigrés, comme l'abolition de la "kafala" - un système de parrainage très controversé - ou l'introduction d'un salaire minimum. Mais des ONG comme Amnesty International affirment que les travailleurs immigrés au Qatar - quelque 2 millions - restent encore largement exploités.