"Il manque des emplois bien sûr, mais il manque de l’espoir aussi." Giuseppe Loprete est en charge des équipes de l’Organisation internationale des migrations (OIM) au Niger. Il s’apprête à piloter un nouveau projet porté par l’Union européenne, pour mieux accompagner les demandeurs d’asile mais surtout inciter les migrants économiques, majoritaire en Afrique de l’Ouest, à rentrer chez eux et à ne pas tenter de rejoindre l’Europe.
Développer une activité économique chez eux. Le test aura lieu dès la rentrée dans un centre à Agadez, où transitent chaque semaine 2.500 migrants, venus du Mali, du Burkina Faso, de Guinée, du Nigeria et en partance pour les ports de Libye d’où ils espèrent gagner Lampedusa. Objectif : les accompagner dans le développement d’une activité économique chez eux, avec le soutien de la communauté internationale. "Nous, on propose des petites activités comme des restaurants, des petites boutiques, mais aussi des formations professionnelles qui existent dans leur pays d’origine", explique Giuseppe Loprete.
Une fois l’activité définie, les équipes de l’OIM aident les migrants à étudier leur business plan, les retombées économiques et effectuent l’achat du matériel nécessaire au lancement. Ils s’appuient sur tout ce qui est déjà proposé sur place, comme le micro-crédit bien développé au Sénégal par exemple, et suivent le projet durant au moins 6 mois, jusqu’à sa pérennisation. Systématiquement, le projet associe des migrants et des membres du village restés sur place pour ne pas ancrer l’idée qu’il faut partir pour obtenir de l’aide.
Un seul projet peut faire vivre 100 personnes. Le budget sera en moyenne de 1.000 euros par migrant, quand l’UE dépense en moyenne 25.000 euros par an et par migrant en aide humanitaire et accompagnement quand ceux-ci parviennent jusqu’au sol européen. "Il y a une vingtaine de personnes impliquées, donc bénéficiaires directs dans chaque projet et, au Niger, une famille compte environ 7 à 8 membres", détaille Giuseppe Loprete, qui calcule : "Avec un seul projet on peut faire vivre près de 100 personnes."
La première phase d’expérimentation durera un an, avec une enveloppe de 1,5 million d’euros. Elle sera jugée par les migrants eux-mêmes, qui vont commenter l’efficacité des mesures et préciser ce qui leur a vraiment été utile. A long terme, l’OIM espère donner des idées pour que l’argent actuellement rassemblé pour payer les passeurs soit investi dans une activité économique locale et viable.