Pourquoi l'Algérie reste inaccessible pour de nombreux ressortissants

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Se rendre en Algérie est devenue beaucoup plus compliquée depuis la crise du Covid. (Illustration) © PIXABAY
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Stéphane Burgatt
Malgré l'amélioration de la situation sanitaire, l'Algérie n'a que partiellement rouvert ses frontières. Pour les binationaux, alors que la période du ramadan approche à grand pas, trouver un billet d'avion relève de l'impossible. Au micro d'Europe 1, plusieurs ressortissants algériens témoignent de leur colère.
REPORTAGE

Le ramadan débute ce samedi 2 avril et ceux pour un mois. Ce rendez-vous majeur du culte musulman est l'occasion de réunions familiales. Des retrouvailles qui ont souvent été gâchées depuis deux ans, avec la crise du Covid, en particulier pour ceux qui ont des proches en Algérie.

"Un vol pour New York est moins cher qu'Alger"

En face de l'arc de triomphe de la place Jules Guesdes, Karim nous confie, le cœur lourd, qu'il compte faire une croix sur ses retrouvailles familiales. Encore une fois, il ne pourra pas se rendre en Algérie : "J'aurais bien aimé y aller, ça fait deux ans que je n'ai pas pu m'y rendre. Il est moins cher de partir à New York actuellement que de partir à Alger. J'ai vu des billets à 900 euros l'aller-retour !", explique-t-il, très en colère.

"Pour aller de l'autre côté de la Méditerranée, c'est inadmissible. Dernièrement j'ai voulu rentrer en dernière minute suite au décès de la mère d'un ami, j'ai trouvé un billet à 1.700 euros, c'est affolant. Ce sont des familles qui sont déchirées aujourd'hui."

Des Algériens tiraillés entre colère et incompréhension

Un tel billet coûtait environ 150 euros avant la crise du Covid. Mais depuis la réouverture partielle des frontières algériennes, les candidats sont nombreux, et les billets rares, comme le déplore Amar Tazir de l'agence Atlas voyage : "Avant, il y avait 40 vols par semaine au départ de Marseille, toujours pleins, à l'aller comme au retour", détaille-t-il. "Aujourd'hui, ce sont deux vols hebdomadaires. Un pour Alger, l'autre pour Oran. Il y a une très forte demande. Imaginez, il y a 230.000 Algériens inscrits au consulat d'Algérie à Marseille. Si je sors là sur la place, je vais mettre une heure à arriver jusqu'à chez moi, chaque deux mètres, une personne va me demander une solution pour trouver un billet d'avion."

Comme Karim, Amar se montre très agressif : "C'est honteux de faire ça, car ce sont les malheureux qui vont payer la facture et les compagnies aériennes, ce sont des crocodiles, elles mangent tout."

Lui-même a déboursé une somme considérable l'été dernier pour se rendre dans l'ouest du pays. Comme ses clients, il est tiraillé entre colère et incompréhension. Personne ici ne comprend pourquoi le pouvoir algérien maintient ces restrictions contrairement à ses voisins tunisien et marocain.