Pourquoi "Nuit debout" devient un mouvement européen

© MIGUEL MEDINA / AFP
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Après Paris, c’est à Bruxelles, Berlin ou encore Madrid que le mouvement émerge autour d’un dénominateur commun : être hors partis, hors syndicats.

"A la manière de nos amis Français, nous réapproprier l'espace politique passe aussi par la réappropriation de l'espace public". Sur la page Facebook de la "Nuit debout" organisée à Bruxelles, le message est clair : le mouvement de la place de la République doit dépasser les frontières de l’Hexagone. A la manière d’Occupy en 2011, la mobilisation est en train de devenir un mouvement européen.

  • Berlin, Bruxelles, Liège, Saragosse…

Sur les réseaux sociaux les appels aux "Nuits debout" se multiplient : après les villes de province françaises, "Nuit debout" à Berlin, à Bruxelles, à Liège ou encore à Tarragone, Saragosse, Madrid ont fait leur apparition. C’est d’ailleurs d’Espagne qu’est venu Miguel Urban Crespo, eurodéputé de Podemos. En quelques minutes, devant la foule, il a raconté l'expérience espagnole.

Car, contrairement à la France, de l’autre côté des Pyrénées, ce type de mouvements de contestation sociale est loin d’être nouveau. Les Indignés existent depuis 2011 et ont même donné lieu à un parti politique, Podemos, aujourd’hui au pouvoir. "Nuit debout" suivra-t-il le même chemin ? "Il est bien trop tôt pour le dire. Les Indignés ont mis quatre ans à devenir Podemos", rappelle Albert Ogien, sociologue, spécialiste des mouvements sociaux, joint par Europe 1 à Bruxelles.

" On l’avait déjà observé au moment d’Occupy Wall Street "

Pour le sociologue, il existe un dénominateur commun à tous ces rassemblements européens : l’exaspération face à la classe politique en place, face à "l’establishment". Il n’est donc pas très étonné de voir la contestation gagner d’autres villes un peu partout en Europe. Cela n’a rien d’inédit. "On l’avait déjà observé au moment d’Occupy Wall Street (en 2001 aux Etats-Unis) quand le mouvement s’est étendu à des centaines de villes et est devenu mondial", observe le sociologue. "Cette forme d'action politique du rassemblement est devenue une forme reconnue, désormais on ne manifeste plus, on occupe", ajoute-t-il, estimant que "comme n’importe quel autre domaine, la contestation et la politique, n’échappent pas au phénomène de globalisation".

"C'est une forme moderne d'action politique, hors partis, hors syndicats, sans cadre et cela est tout à fait nouveau en France. Ce qui n’est pas le cas chez nos voisins européens", précise le chercheur. Pour lui, cette nouvelle forme de protestation est vouée à disparaître ou à muter en parti politique comme Podemos l’a fait. "Mais pour cela il faudra du temps ", prévient Albert Ogien.