Qui est Stephen Bannon, le sulfureux bras droit de Donald Trump ?

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Pendant quatre mois, les conseils de Steve Bannon ont aidé Donald Trump à accéder à la Maison-Blanche. © DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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A.H.
L'ultra-conservateur Stephen Bannon, qui a exercé son influence auprès de Donald Trump pendant sa campagne victorieuse, continue de gagner des galons.

Il est le principal artisan de la victoire de Donald Trump. Dimanche, Stephen Bannon, dit Steve, 62 ans, a été promu chef de la stratégie de la Maison-Blanche par le nouveau président élu. Et cette nomination fait déjà couler beaucoup d'encre. Surnommé "Goebbels" (du nom de l'ancien chef de la propagande nazie) par un journaliste de Fox News et présenté comme "l'homme le plus dangereux de la sphère politique américaine" par Bloomberg, Stephen Bannon est une personnalité pour le moins clivante, accusée de racisme et de sexisme.

Un "anti". Son parcours professionnel est étonnant. Ancien officier dans la Navy, Stephen Bannon passe par la banque Goldman Sachs avant de faire fortune en rachetant les droits de la série américaine Seinfeld. Changement de cap quelques années plus tard : il devient réalisateur de films et signe notamment un documentaire vantant Sarah Palin, ticket du candidat républicain John McCain en 2008, et aujourd'hui pressentie pour occuper un poste dans le gouvernement Trump. Déjà, l'idéologie politique que défend Bannon ne laisse aucun doute : opposant à l'establishment traditionnel, anti-féministe, anti-avortement, anti-migrants… Son ex-femme, qui l'accuse de violences conjugales en 1996, affirme aussi l'avoir entendu prononcer des propos ouvertement antisémites. Au sein du Parti républicain, Stephen Bannon n'est pas en odeur de sainteté. Et plusieurs figures du Grand Old Party mettent en exergue ses liens avec les suprématistes blancs. 

Canaliser sans tempérer. Nommé directeur général de l'équipe de campagne de Donald Trump en août 2016, le discret Stephen Bannon - il n'accorde aucune interview ou presque et n'apparaît que très rarement publiquement - est parvenu à canaliser l'impétueux milliardaire, sans tempérer sur ses idées ultra-conservatrices. C'est notamment lui qui conseille à Donald Trump de nier en bloc les accusations d'agressions sexuelles à son encontre. Son influence porte ses fruits et Donald Trump remonte dans les sondages, en dépit des nombreuses polémiques, jusqu'au résultat que l'on connaît.

À la têted du très influent Breitbar News. Le milliardaire a par ailleurs été bien aidé par Breitbar News, un site d'informations proche des mouvements d'extrême droite, dirigé par Bannon lui-même. "Breitbar adopte les idées de la frange extrême de la droite conservatrice. Ce sont des idées racistes, islamophobes, anti-migrants, misogynes", avait dénoncé Hillary Clinton au cours de la campagne. Confidentiel il y a encore quelques mois, le complotiste Breitbar a vu ses audiences exploser, boostées par des articles ouvertement pro-Trump, ou aux titres orduriers ou agressifs : "La contraception rend les femmes moches et folles" ou encore "Il n’y a pas de discrimination contre les femmes à l’embauche, elles sont justes nulles en entretien".

Machine de guerre. C'est ce site qui a révélé le scandale des photos dénudées envoyées par Anthony Weider (élu démocrate, mari de Huma Abedin, proche conseillère d'Hillary Clinton) à des adolescentes. Au moment de l'affaire des e-mails d'Hillary Clinton, Breitbar s'en est donné à cœur joie, publiant pléthore d'articles et devenant une véritable machine de guerre de communication au service du candidat républicain. Riche et influent, adoubé par Donald Trump, le nouveau chef de la stratégie de la Maison-Blanche devrait être le porte-voix de la droite dure américaine.