Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a accusé mardi les autorités de la République démocratique du Congo d'armer une milice menant d'"horribles attaques" contre les civils dans le Kasaï, une région du centre de la RDC en proie à des troubles.
"Attaques horribles contre des civils". "Je suis consterné par la création et l'armement d'une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte" contre la rébellion Kamwina Nsapu, "mais qui a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein, devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève. Un porte-parole de l'ONU a indiqué à l'AFP qu'il n'était pas sûr des autorités qui avaient apporté leur soutien à cette milice.
Projet de résolution en cours. Le Haut commissaire a redemandé l'ouverture d'une enquête internationale, alors que le Conseil des droits de l'Homme devrait se prononcer jeudi ou vendredi sur un projet de résolution en ce sens, à la demande de l'Union européenne. Un représentant des Etats-Unis a apporté mardi son soutien à une telle enquête. La RDC y est fermement opposée et a envoyé lundi à Genève son ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, pour convaincre les diplomates de voter contre et pour leur garantir que "le gouvernement est déterminé à mener les différentes enquêtes".
"On cherche les fausses communes partout". La ministre congolaise des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa-Likulia, a indiqué mardi au Conseil que le gouvernement "accepte d'accueillir sur son sol une équipe d'enquêteurs des Nations unies, venant en appui à la justice congolaise". Elle a également assuré qu'"on cherche les fosses communes partout, sauf là où elle pourrait exister réellement, accusant les Kamwina Nsapu de commettre des "véritables boucheries humaines".
Des centaines de villageois tués. Alarmé par les rapports faisant état d'atrocités et étant donné les difficultés d'accès pour aller dans le Kasaï, le Haut-Commissaire a décidé, la semaine dernière, d'envoyer dans la région une équipe d'enquêteurs pour rencontrer des réfugiés ayant fui les violences. "Les réfugiés de plusieurs villages du territoire de Kamonya ont indiqué que les Bana Mura ont au cours des deux derniers mois tués, mutilés ou brûlés à mort des centaines de villageois et ont détruit des villages entiers", a affirmé Zeid Ra'ad Al Hussein.