L'ex-président roumain Ion Iliescu est poursuivi pour "crimes contre l'humanité" dans le dossier fleuve sur les journées sanglantes ayant suivi le soulèvement anticommuniste de décembre 1989, a annoncé mardi à Bucarest le parquet de la Haute cour de Cassation.
Ces poursuites visent des mesures volontaires de "diversion" prises après la chute du dictateur communiste Nicolae Ceausescu et de sa femme Elena, jugés sommairement et exécutés le 25 décembre 1989. Selon les enquêteurs, ces mesures, s'ajoutant à l'époque à "la psychose terroriste qui avait atteint un paroxysme parmi les militaires et des civils armés", ont notamment conduit à de nombreuses situations de "feu fratricide". Ion Iliescu "a accepté et entériné des mesures à caractère militaire, dont certaines ont eu un caractère évident de diversion", selon un communiqué des procureurs.
48 personnes tuées à l'aéroport d'Otopeni. Cette annonce représente une nouvelle étape dans cette procédure, classée sans suite en 2015 mais rouverte en 2016 sur décision de la Haute cour de cassation. Deux hauts responsables de l'Armée sont également poursuivis pour respectivement "ordres" et diffusion d'informations "à caractère de diversion", a annoncé le parquet. Iosif Rus, ancien commandant de l'Aviation militaire, est poursuivi en lien avec la mort de 48 personnes à l'Aéroport d'Otopeni (près de Bucarest) le 23 décembre 1989, quand des militaires du ministère de la Défense et de la Securitate (police politique secrète) ont tiré les uns sur les autres en raison d'une confusion.
Plus de 1.000 personnes mortes en décembre 1989. Au total, 1.104 personnes sont mortes en Roumanie durant les événements de décembre 1989, 162 avant la chute de Ceausescu, qui avait ordonné la répression des manifestations, et 942 dans les jours suivants, selon un bilan qui, 28 ans après, reste sujet à caution. Ion Iliescu a présidé la Roumanie de 1989 à 1996 puis de 2000 à 2004. Aujourd'hui âgé de 88 ans, l'homme politique affirme qu'il "garde la tête haute devant le jugement de l'Histoire". "Un soulèvement populaire a créé un vide de pouvoir. Des gens des plus diverses zones de la société (...) ont essayé de donner un sens au changement", "ils sont accusé maintenant d'avoir osé cela", a-t-il écrit la semaine dernière sur son blog.
Feu vert de l'actuel président roumain. Les procureurs avaient demandé début avril le feu vert de l'actuel président roumain Klaus Iohannis pour poursuivre Ion Iliescu et l'ex-Premier ministre Petre Roman dans une autre partie du "Dossier de la Révolution", et Klaus Iohannis a donné son accord la semaine dernière.