C'est bien la seule prédiction annoncée par les sondeurs britanniques qui s'est vérifiée. Alors que le parti conservateur de David Cameron, qu'on annonçait au coude à coude avec les travaillistes d'Ed Miliband, a finalement remporté une large majorité au parlement (316 députés) de Westminster, le SNP de Nicola Sturgeon a comme prévu raflé la quasi-totalité des sièges remis en jeu en Ecosse. 56 sur 59 précisément, contre 6 remportés en 2010. Concrètement, le SNP devient la troisième force politique du pays, loin devant les Libéraux démocrates, en pleine déconfiture.
•Le contexte de cette victoire
Plus qu'une victoire, une percée électorale, et surtout une revanche après la défaite du "oui" lors du référendum sur l'indépendance écossaise de septembre 2014. A l'époque, les nationalistes écossais avaient perdu une bataille, ils en ont remporté une d'ampleur au terme de ces élections générales de jeudi, profitant des très mauvais résultats des travaillistes (239 sièges).
Les réactions des figures du SNP. "Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je ne me serais attendu à obtenir 56 des 59 sièges", s'est réjouie la dirigeante du parti et chef du gouvernement régional écossais Nicola Sturgeon.
"Never in my wildest dreams did I expect 56 out of 59 seats." #GE15pic.twitter.com/66cF1UyWgH
— The SNP (@theSNP) 8 Mai 2015
Son prédécesseur à la tête du parti Alex Salmond s'est fait plus lyrique à l'annonce des résultats : " Il y a un lion qui rugit ce soir, et ce lion est écossais. Je crois qu'aucun gouvernement, d'aucune orientation politique, ne peut plus l'ignorer."
•Comment le SNP va-t-il exploiter cette victoire ?
Une telle victoire a renforcé les ardeurs des députés du SNP fraîchement élus. The Guardian rapporte que plusieurs d'entre eux ont, une fois les résultats connus, immédiatement mis la pression sur David Cameron, lui demandant d'honorer ses promesses formulées juste avant le référendum sur l'indépendance. Les chevaux de bataille du SNP ? Que le Parlement régional écossais puisse lever l'impôt et puisse en disposer comme bon lui semble, sans se soumettre aux exigences de coupes budgétaires dictées par Londres.
Avec une grosse cinquantaine d'élus sur 650 (9% des sièges), le SNP pourra, sur des votes serrés, faire pression sur les conservateurs et donc potentiellement négocier des réformes du statut écossais. Nicola Sturgeon a également déclaré qu'elle allait demander à Ed Miliband et aux autres leaders des partis de centre et de gauche de former un front anti-Cameron. En effet, le Labour, le SNP et les autres partis de gauche détiennent ensemble plus de sièges que les conservateurs. Ils pourraient ainsi empêcher les Tories de former un gouvernement.
•Quelles sont les réactions à gauche ?
La victoire du SNP a aussi suscité quelques critiques dans la presse et l'électorat de gauche, qui font reposer la responsabilité de la défaite travailliste sur le parti nationaliste écossais. Motif ? Le SNP aurait siphonné les voix des électeurs écossais, majoritairement de gauche, et historiquement acquis au Labour. Une critique rejetée en bloc par Nicola Sturgeon : "Le Labour doit sa défaite à lui seul. S'il n'a pas été capable de battre les Tories en Angleterre, nous n'y pouvons rien", s'est-elle défendue.