Deux semaines après la plus grande vague d’arrestations de l’histoire de l’Arabie saoudite, des dizaines de princes, de ministres et d’hommes d’affaires sont toujours détenus dans le Ritz-Carlton de Ryad. Tout a commencé dans la nuit du 4 novembre : officiellement 208 personnes ont été arrêtées pour faits de corruption sur décision du prince héritier Mohammed ben Salmane, mais plusieurs journaux parlent plutôt de 500 arrestations et de 1.000 assignations à résidence. Quinze jours plus tard, seulement sept personnes ont été libérées et la situation semble toujours bloquée et incertaine pour tous les autres détenus VIP, confinés dans le palace.
Une cage dorée. Les 500 chambres de ce cinq étoiles ne sont toujours pas disponibles à la réservation. Il en va de même pour Le Marriott, juste en face, et qui en théorie peut héberger 200 personnes. Tout serait réservé au moins jusqu’en décembre, explique la réception. Fait inhabituel : des voitures de police, gyrophares allumés, sont garés devant les entrées. Dans le hall, des jeunes hommes en robe blanche - le traditionnel thoub saoudien - tournent en rond. Ces prisonniers ont accès à des avocats, mais n’auraient toujours pas pu récupérer leur téléphone.
Des fortunes "multipliées par 20.000". Ils ne semblent pas d’humeur à aller à la piscine ou au bowling ; leurs journées sont occupées à négocier avec les autorités, assure Ibrahim al Nahas, membre de l’Assemblée consultative. "Le comité présidé par Mohammed ben Salmane leur envoie des juges pour les voir, et parler longuement avec eux parce que certains, en l’espace de deux ou trois années de pouvoir, ont vu leur fortune être multipliée par 20.000 !", relève ce conseiller du prince héritier. "Même pour Bill Gates , c’est impossible à faire. Ils vont rendre ce qu’ils ont volé au gouvernement", assure-t-il.
Officiellement, le royaume saoudien espère mettre la main sur 100 milliards de dollars. Certains princes déchus seraient ainsi priés de rendre jusqu’à 70% de leur magot.