Le président américain Donald Trump a dénoncé mercredi un système judiciaire "injuste" après la décision d'un juge de Californie de bloquer temporairement l'abrogation d'un programme permettant à des jeunes sans-papiers de travailler et étudier aux États-Unis. Le juge William Alsup de San Francisco a ordonné mardi au gouvernement de remettre en application intégralement ce programme sur l'ensemble du territoire américain en attendant un jugement final ou une nouvelle décision.
"Nous jugeons cette décision scandaleuse", a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de Donald Trump, soulignant qu'elle était intervenue le jour même d'une réunion à la Maison-Blanche en présence des élus des deux partis sur le sort des jeunes bénéficiaires de ce programme, connus sous le nom de "Dreamers" (Rêveurs). "Notre système judiciaire est injuste et ne fonctionne plus", a de son côté lancé Donald Trump dans un tweet, déplorant que ses adversaires se tournent toujours vers le 9e circuit, dans l'ouest des États-Unis, et gagnent "presque systématiquement" avant que la décision ne soit remise en cause par des juridictions supérieures.
It just shows everyone how broken and unfair our Court System is when the opposing side in a case (such as DACA) always runs to the 9th Circuit and almost always wins before being reversed by higher courts.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 10 janvier 2018
La décision du ministère de la Justice fondé sur "une base juridique défectueuse". Dans sa décision de 49 pages, le juge estime fondée sur "une base juridique défectueuse" l'opinion du ministère de la Justice selon laquelle le programme, mis en place par Barack Obama, était illégal. Les bénéficiaires de ce programme appelé Daca (Deferred Action for Childhood Arrival) peuvent donc à nouveau déposer leurs demandes et le gouvernement devra faire savoir avec "des avis publics acceptables" que le programme revient en application. Le juge était saisi notamment par la présidente de l'Université de Californie Janet Napolitano, ex-secrétaire à la Sécurité intérieure à l'époque de l'adoption du programme, sous la présidence du prédécesseur de Donald Trump, le démocrate Barack Obama.
Un programme créé en 2012. En septembre, le président américain avait abrogé ce programme, créé en 2012 et qui a permis à 690.000 jeunes, entrés illégalement aux États-Unis alors qu'ils étaient enfants, de travailler et d'étudier en toute légalité en les protégeant de l'expulsion. Mais il avait retardé l'application de sa décision jusqu'en mars pour donner au Congrès le temps de trouver une "solution permanente" pour cette population.
"Cela devrait être une loi d'amour". Mardi durant la réunion à la Maison-Blanche à laquelle -fait inhabituel- les journalistes ont pu assister pendant près d'une heure, Donald Trump a appelé les élus à trouver un compromis sur la régularisation des Dreamers et l'immigration. Il s'est également dit ouvert à une réforme plus vaste de la législation sur l'immigration, qui concernerait quelque 11 millions d'autres immigrés vivant dans la clandestinité, à condition que les démocrates acceptent un renforcement de la sécurité aux frontières, y compris la construction controversée d'un mur à la frontière avec le Mexique. "Cela devrait être une loi d'amour", a-t-il lancé à propos du compromis en négociation sur les Dreamers. "Mais cela doit aussi être une loi qui nous permette de sécuriser notre frontière", a-t-il ajouté en appelant les législateurs à "mettre le pays avant le parti" pour parvenir rapidement à une solution.
"Nous avons besoin d'un mur". "Nous avons besoin d'un mur", a martelé le président américain, réclamant de nouveau la fin de ce qu'il appelle "l'immigration en chaîne" (rapprochement familial) et la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes. "J'aimerais ajouter le mot 'mérite' à toute loi qui serait présentée. Je peux vous dire que c'est ce que veulent les Américains", a-t-il lancé. Durant sa campagne en 2016 pour l'élection présidentielle, Donald Trump insistait surtout sur la sécurité aux frontières et la lutte contre l'immigration et nombre de ses partisans rejetaient toute perspective de légalisation pour les millions de clandestins.