David Ranta a passé près de 23 ans en prison dans un quartier de haute-sécurité pour… rien. Et pourtant, la justice américaine n'avait jamais soupçonné avoir commis une erreur judiciaire. Sauf qu'en réalité dans cette affaire de meurtre d'un rabbin en 1998, David Ranta a été victime d'un faux témoignage. Tout aurait été orchestré par un ancien enquêteur de la brigade de Brooklyn à New York aux méthodes douteuses, Louis Scarcella, 61 ans.
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Une cinquantaine d'autres affaires de meurtres vont ainsi être réexaminées. Cet ancien flic d'avoir "encouragé" certaines personnes à témoigner afin d'obtenir des condamnations. Des méthodes de "cow boy", selon l'avocat de David Ranta qui a d'ores et déjà obtenu la libération de son client.
Des méthodes douteuses
Louis Scarcella a rejoint la police criminelle de Brooklyn Nord en 1987 alors que la criminalité était au plus haut dans la ville, avec près de six homicides par jours, raconte The Independant. A l'époque, il est à la tête de près de 175 affaires et se fait rapidement une réputation de "dur à cuire". Il réussit à résoudre de nombreux cas là où beaucoup d'autres officiers se sont cassés les dents. Mais pour parvenir à de tels résultats, Louis Scarcella aurait employé des méthodes douteuses
Le New York Times a enquêté sur une douzaine d'affaires dans lesquelles le suspect a été déclaré coupable et dont l'enquête était sous la direction de Louis Scarcella. L'enquêteur, qui travaillait main dans la main avec les procureurs de l'époque, aurait fait témoigner à plusieurs reprises et dans différentes affaires une prostituée accro à la drogue, rapporte le quotidien américain. Dans le cadre de l'affaire Ranta, il aurait même offert du crack et des prostituées à plusieurs délinquants contre leur témoignage. Certains auraient même eu le droit de sortir de prison...
Le dénouement de l'affaire Ranta :
Louis Scarcella compte aider la justice
Le flic à la retraite est tombé des nues en apprenant le réexamen de certains cas. "C'est une blague ? C'est choquant… Je les aiderais s'ils ont besoin. Je ne sais pas quoi dire d'autre. J'espère qu'ils ne trouveront rien", a-t-il simplement déclaré au New York Times. "Je n'aurais pas pu regarder ma famille en face si j'avais fait du tort à quelqu'un", avait-il assuré dans une autre interview quelques jours plus tôt.
De nombreux cas sont jugés "suspects". Derrick Hamilton, lui, a été jugé coupable de meurtre, la même année que David Ranta. Mais il y a deux ans, il a été libéré lorsque le seul témoin dans cette affaire s'est rétracté. Actuellement, Derrick Hamilton tente de prouver que tout cela a été orchestré par Louis Scarcella.
Un délai de prescription
Martin Marshak, un des avocats qui a représenté plusieurs personnes arrêtées par Louis Scarcella, est formel : "il a obtenu des gens ce qu'il voulait leur faire dire". L'ancien flic de Brooklyn assure qu'il a employé des "moyens légitimes". "Il y a des cas où certains suspects ont parlé à un détective et ils n'ont rien eu. Ils m'appelaient et j'ai eu des témoignages. Beaucoup de gars ne savent pas comment parler aux gens", se défend simplement Louis Scarcella.
Theresa Capra en a aussi fait les frais. En 2002, cette directrice d'un établissement a été accusée par l'un de ses enseignants de falsifications sur les résultats, raconte encore le New York Times. Louis Scarcella est mis sur le coup. Après plusieurs interrogatoires mouvementés et des menaces, le dossier s'avère monté de toutes pièces par l'accusateur. Teresa Capra est blanchie en 2007.
En parallèle des investigations de la justice, Jeffrey Deskovic, un ancien détenu accusé à tord qui a créé une fondation, a l'intention de mener sa propre enquête. Mais beaucoup d'affaires datent des années 80 et 90. Louis Scarcella pourrait donc bénéficier d'un délai de prescription et ne subir aucune poursuite judiciaire.