Les registres de l'Etat civil en Syrie ont répertorié 68.000 décès au total en 2017, a indiqué le directeur de cette administration lors d'un entretien paru jeudi dans le quotidien pro-étatique Al-Watan. Le directeur de l'Etat civil syrien, Ahmed Rahal, n'a toutefois fourni aucun détail sur les circonstances de ces décès, ni le décompte pour les différentes régions du pays, ravagé depuis 2011 par un conflit meurtrier qui a fait plus de 350.000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Nous avons enregistré l'année dernière 68.000 décès, sans que ne soit précisée la nature du décès. Et pour l'année actuelle, il y a 32.000" morts, a indiqué Ahmed Rahal à Al-Watan.
Des décès qui remonteraient à 2013 ? Ces déclarations interviennent alors que des défenseurs des droits de l'Homme et des familles de détenus victimes de disparitions forcées ont accusé les autorités de Damas d'avoir discrètement mis à jour les registres de l'Etat civil, en rendant publics des centaines de décès qui remontent parfois à 2013. Interrogé sur les possibles décès de personnes portées disparues, Ahmed Rahal a répondu : "Nous n'avons pas de registre pour les disparus (...). Si un document rapportant un décès nous parvient de n'importe quelle instance gouvernementale, que ce soit un hôpital ou autre, la mort est répertoriée, sans que ne soit précisé s'il s'agit d'un disparu ou non."
Des détenus annoncés morts. Ces derniers mois, les proches de quelque 400 détenus, dont neuf mineurs, ont appris leur mort par les autorités après des années d'incertitude, selon le Réseau syrien pour les droits de l'Homme (SNHR). Cette ONG syrienne estimait plus tôt cette année à 80.000 le nombre de détenus en Syrie. Des militants de la localité de Daraya, près de Damas, ont ainsi récemment dénoncé la mort de centaines de détenus, accusant les forces du régime de les avoir "tués sous la torture". Selon l'OSDH, les combats et les violences en 2017 ont entraîné la mort de plus de 33.000 personnes, dont 10.507 civils et 7.358 membres des forces du régime et combattants loyalistes. Depuis le début de l'année, l'Observatoire a répertorié au moins 14.000 décès, dont 5.100 civils et plus de 7.000 combattants prorégime.