L’INFO. La perspective de frappes aériennes contre la Syrie se rapproche. Barack Obama a réaffirmé mercredi que le monde avait "fixé une ligne rouge" contre l'utilisation d'armes chimiques et que la crédibilité du Congrès américain était en jeu. Les parlementaires d’outre-Atlantique doivent voter lundi prochain pour ou contre une intervention militaire. En attendant, à Damas, les habitants, inquiets, attendent de savoir où vont tomber les frappes.
"Des enfants avec leurs gardes du corps". Michel Leprêtre, 67 ans, est proviseur au lycée français Charles de Gaulle, à Damas. Il est l’un des derniers Français encore sur place car la France avait en effet retiré tous ses représentants et fonctionnaires en mars 2012. Le lycée a fonctionné quelque temps en autogestion, puis les parents syriens ont fait appel il y a un an à Michel Leprêtre. Ce retraité a effectué une grande partie de sa carrière, notamment au Liban pendant la guerre. Dans ce lycée, il y surtout des des Franco-syriens et des Syriens francophiles mais très peu d'expatriés français.
"Parmi les élèves qui restent, il y a des gens proches du régime, parfois même très intégrés dans le régime. Les parents envoient leurs enfants au lycée avec des gardes du corps. Ils sont à ce point engagés qu’il n’y a pas de perspective hors de Syrie pour eux", a-t-il affirmé au micro d’Europe 1. Alors que l’Etat français est désormais considéré par le régime de Bachar al-Assad comme un ennemi, Michel Leprêtre n’a pas "le sentiment, en tant que Français, d’être visé". "Les gens restent très aimables à mon égard y compris sur des barrages où se tiennent les militaires, certains représentant les services les plus durs. Ce sont des sourires…", témoigne ce proviseur, joint par Europe 1. Le fait d’être un étranger à Damas "c’est un signe de normalité ici alors que la situation ne l’est pas".
La peur des attentats. En revanche, cela n’empêche pas d’avoir peur. Michel Leprêtre habite juste en face du lycée qui a été inauguré par Nicolas Sarkozy en 2008 et pas très loin du palais présidentiel. Il fait ses courses dans les 50 mètres aux alentours. Il prend rarement la voiture "par peur des attaques à la voiture piégée" sur les voies de circulation. Pour autant, il "n'y a pas de panique", "les magasins ne sont pas dévalisés", il manque "un peu de lait en ce moment", mais rien de "dramatique", dit-il. Ce qui pèse le plus, "c’est l’inconnu qui entoure cette frappe". Le lycée équipé d'abris en sous sols. Il s'agit de classes construites à l'origine pour se protéger de la chaleur, et qui pourront servir en cas d'attaques même s'il paraît peu probable que le lycée français, qui a aujourd’hui 190 élèves, soit visé.
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"Supporter l’insupportable". Malgré la guerre, "il y a une capacité à supporter l’insupportable à proximité", a assuré Michel Leprêtre. "Ça m’est arrivé d’être à la piscine, noire de monde, et d’entendre des explosions et de voire des fumées noires. Quand on voit la frénésie des boîtes de nuit qui continuent d’être ouvertes à Damas, il y a la proximité du danger qui rend les gens plus frénétiques", renchérit le proviseur qui pour l’instant maintient d’excellents résultats dans son établissement : au brevet et au bac en 2013, 100% d’élèves ont réussi leur examen.