États-Unis : Trump promulgue par décret un nouveau plan d'aide aux Américains

Trump a signé quatre décrets d'aide à l'économie
Trump a signé quatre décrets d'aide à l'économie © JIM WATSON / AFP
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Europe 1 avec AFP
Donald Trump est engagé depuis deux semaines dans un bras de fer avec le Parti démocrate concernant l'aide économique après la crise du coronavirus. En désaccord sur le montant des mesures, le président américain a décidé de promulguer quatre décrets, sans passer par le Congrès.

Critiqué pour sa gestion de la pandémie de coronavirus, le président Donald Trump a dévoilé samedi un nouveau plan d'aide par décret en faveur des Américains les plus touchés par la crise. Le président américain a ainsi signé quatre documents qui prévoient un gel des charges salariales, une allocation chômage prolongée de 400 dollars par semaine, des protections pour les locataires menacés d'expulsion et un report du remboursement des emprunts étudiants. Des mesures insuffisantes selon le Parti démocrate, majoritaire au Congrès, qui rejette ce plan.

"Ça suffit, nous allons sauver les emplois américains et venir en aide aux travailleurs américains", a déclaré le milliardaire lors d'une conférence de presse à son golf de Bedminster, dans le New Jersey. Les Etats-Unis sont en voie de franchir la barre des 5 millions de cas de coronavirus, avec plus de 160.000 morts. La Maison Blanche et les démocrates du Congrès sont engagés depuis deux semaines dans des négociations pour parvenir à un nouveau gigantesque plan de soutien à l'économie. Mais à moins de trois mois de l'élection présidentielle, et alors que les premières mesures d'aide ont expiré au 31 juillet, ces discussions n'ont jusqu'ici rien donné, poussant Trump à agir par décret. 

Quatre décrets contestés par l'opposition

L'une des promesses clés du président est de prolonger jusqu'à la fin de l'année l'aide accordée aux chômeurs, en plus de celles allouées par chaque Etat américain. Si la prolongation de cette aide, qui a empêché des millions de foyers de tomber dans la pauvreté, ne faisait pas débat au Congrès, son montant était l'un des grands points de désaccord : les républicains proposaient de l'abaisser à 200 dollars et les démocrates voulaient conserver 600 dollars. Donald Trump a finalement annoncé le chiffre de 400 dollars par semaine, mais ce montant pourrait finalement être limité à 300 dollars car l'Etat fédéral n'en paiera que 75 % et les Etats devront payer les 25 % restants.

Une autre mesure prévoit un gel des charges salariales pour les Américains dont les salaires ne dépassent pas 100.000 dollars par an. "Si je suis vainqueur le 3 novembre, j'ai l'intention d'annuler ces charges", a promis le président, candidat à sa réélection. Or cette mesure, à laquelle s'opposaient de nombreux républicains, de même que les démocrates, ne fait que reporter le paiement des charges, elle ne les annule pas.

Donald Trump a aussi chargé les ministères du Logement, de la Santé et le Centre de lutte contre les maladies (CDC) de "s'assurer que les locataires et les propriétaires puissent rester chez eux", tandis qu'un quatrième texte suspend le remboursement des emprunts étudiants jusqu'à la fin de l'année et abaisse leurs taux d'intérêts à 0%.

Insultes et accusations

Au Congrès, les démocrates ont rejeté le plan d'aide républicain, qui s'élevait à 1.000 milliards de dollars. Le Parti démocrate faisait pression pour un plan d'aide massif de 3.000 milliards de dollars pour stimuler l'économie, renflouer la poste américaine à temps pour l'élection présidentielle, et prolonger l'aide aux chômeurs.

Lors de sa conférence de presse, Donald Trump a qualifié de "folle", Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, et accusé son rival pour la présidentielle, Joe Biden, d'être "d'extrême gauche", alors que les démocrates veulent, selon lui, "voler l'élection" présidentielle.

Un risque de contestation en justice

Joe Biden a qualifié ce plan de "série de demi-mesures". "Encore une cynique tentative d'esquiver les responsabilités", a-t-il critiqué, estimant que le pays avait besoin d'un "vrai leader" capable de négocier un accord avec le Congrès.
Le milliardaire américain, qui avait invité des membres de son club de golf à assister à la conférence de presse, a profité de la cérémonie de signature pour attaquer violemment ses opposants, tout en exagérant ses propres accomplissements.

Le président a affirmé que sa décision de contourner le Congrès en signant des ordonnances permettra aux fonds d'être "rapidement distribués". Ces annonces seront vraisemblablement contestées en justice puisque c'est au Congrès que la constitution américaine confie la plupart des décisions budgétaires du pays.