Les autorités de la Santé à Gaza ont décidé de ne pas faire figurer pour le moment un bébé mort dans des circonstances contestées sur une liste officielle de Palestiniens tués par l'armée israélienne lors de récents heurts et manifestations. Leïla al-Ghandour, âgée de huit mois, est au centre d'une querelle sur les causes de sa mort, survenue il y a une dizaine de jours alors que la bande de Gaza était depuis des semaines le théâtre d'une mobilisation massive et d'affrontements le long de la frontière entre Palestiniens et soldats israéliens.
"Fabrication" selon l'État hébreu. Le ministère gazaoui de la Santé a initialement annoncé qu'elle était morte à cause des gaz lacrymogènes israéliens. La famille a accusé l'armée israélienne d'avoir tué l'enfant. L'armée israélienne a contesté cette version, en disant se fonder sur les informations d'un médecin palestinien qui connaissait l'enfant et sa famille et selon lequel le bébé souffrait d'un problème cardiaque. Elle a dénoncé une "fabrication" de la part du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza et contrôle les autorités sanitaires, et auquel Israël a livré trois guerres depuis 2008.
Liste des "martyrs". Le ministère de la Santé a publié cette semaine une liste de ce qu'il appelle les "martyrs", des Palestiniens tués par Israël lors des événements. Elle ne comporte pas le nom de Leïla al-Ghandour. Achraf al-Qodra, le porte-parole du ministère, a indiqué qu'un examen complet du dossier de la fillette était en cours et que Leïla al-Ghandour ne figurerait pas sur la liste tant qu'il ne serait pas terminé. L'enquête dira si elle souffrait d'un mal antérieur "et si le gaz inhalé a contribué à sa mort", a-t-il ajouté, sans évoquer l'éventualité d'une autopsie. L'enfant a déjà été inhumée.
Soixante-et-un Palestiniens tués. L'armée israélienne n'a jamais précisé l'identité du médecin auquel elle se référait, ses liens avec la famille, ni les conditions dans lesquelles l'armée avait recueilli son témoignage. Selon la famille, Leïla al-Ghandour avait été emmenée près de la frontière par un oncle âgé de 11 ans et avait été prise dans les tirs de lacrymogènes. Selon un bilan révisé du ministère gazaoui de la Santé, au moins 61 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens le 14 mai, jour du transfert controversé de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Au moins 114 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens dans l'enclave depuis le 30 mars, selon le même bilan révisé.
Enquête indépendante. L'armée israélienne a été confrontée à une vague de condamnations et d'appels à une enquête indépendante. Elle accuse le Hamas de s'être servi de la mobilisation palestinienne pour couvrir des tentatives d'attaques contre Israël, et d'avoir délibérément mis en danger la vie de femmes et d'enfants.