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Pierre Herbulot édité par Romane Lizée
Les flux de migrants vers l'île de Lesbos ne cessent de grossir. Dans le camp de Moria, la vie quotidienne et les conditions d'accueil deviennent de plus en plus difficiles pour les 20.000 réfugiés déjà installés. Tous espèrent quitter l'île le plus rapidement possible. Europe 1 est allée à la rencontre des occupants du lieu. 
REPORTAGE

La situation est toujours très tendue à la frontière gréco-turque, alors qu'Athènes accuse Ankara d’avoir déployé des troupes à sa frontière terrestre pour aider les migrants à traverser. Ils sont des milliers à essayer de rentrer en Europe dans la région, en passant par la frontière maritime. De plus en plus fréquemment, ils empruntent le chemin passant par l’île de Lesbos, où accostent des bateaux de migrants. Les demandeurs d’asile qui en descendent rejoignent le camp de Moria, le plus grand camp d’Europe. Europe 1 s'est rendu dans ce lieu, qui compte 3.500 places d’hébergements, pour 20.000 migrants.

Des centaines de grandes tentes blanches sont alignées au milieu d'un champ d'oliviers qui surplombe la mer. Secteur 6, place M54, sous un morceau de toile portant les couleurs des Nations Unies, Khaled dort tous les soirs avec 11 autres Somaliens. "On n'a pas d'électricité, de maison, de toilettes... on n'a rien ici", confie-t-il. "C'est d'autant plus dur pour moi parce qu'on m'a tiré dessus et j'ai reçu une balle dans la jambe et dans l'épaule."

"Nous n'avons pas le choix, nous devons fuir"

Khaled a fui son pays en guerre contre le groupe terroriste al-Shebab, qui endeuille régulièrement toute la région. "Les terroristes m'ont dit : 'La prochaine qu'on t'attrape, on te termine!'", raconte-il. "C'est pour ça que je suis parti. Mais en réalité, ici, c'est pire." Comme si de rien n'était, des enfants jouent dans les allées de gravier. Un peu plus loin, un humanitaire coupe des planches de bois pour fabriquer de stables et agrandir l'espace restauration. Une église, un coiffeur, une épicerie, le camp de Moria est devenu une véritable ville.

Pour Yannick et Franck, deux Congolais installés depuis cinq mois et toujours en attente d'un retour sur leur demande d'asile, il ressemblerait davantage à une grande prison à ciel ouvert. "Nous n'avons pas le choix, nous devons fuir", exposent-ils. "Quand tu arrives ici, tous tes rêves s'envolent. On est dans un pays qui ne nous respecte pas, qui ne nous considère pas comme des humains, où nous ne sommes pas libres, pas acceptés. Comment nos rêves pourraient-ils aboutir?" Dans le camp, les tickets de ferry pour fuir l'île se vendent à prix d'or sur le marché noir. "Je veux partir en Europe, partout ailleurs que dans le camp de Moria", résume Khaled.