Après l'hommage de la rue, celui du monde de la bande dessinée. Les Editions Dupuis ont annoncé lundi la sortie en fin de semaine d'un numéro hors-série de Spirou. Sur la couverture, une peinture signée Yoann, l'auteur actuel de Spirou & Fantasio, avec le célèbre groom dévoilant sous son costume rouge le logo "Je suis Charlie".
"C'est très symbolique, explique Yoann, joint par Europe 1. On y retrouve Superman, le mal contre le bien, l'air déterminé de Spirou à se tenir face à cette oppression. Je suis un lecteur occasionnel de Charlie Hebdo. L'affaire des caricatures m'inquiétait. Je ne pensais pas que ça pourrait déclencher chez certains fous furieux cette envie de vider leur sac sur ces dessinateurs".
"Spirou défend la liberté". Dans un communiqué publié sur Facebook, la rédaction de Spirou explique que le journal, pourtant pas politique, défend depuis toujours "la liberté, la solidarité, la tolérance, l’amitié, l’intelligence et l’humour".
À l'instar des 4 millions de Français qui ont battu le pavé dimanche, le journal met un mot en avant : liberté. "Sans liberté de la presse, pas de démocratie. Sans liberté de création, pas d’édition. Sans liberté, pas d'humanité." Et de rappeler la devise du journal depuis 1938 : Spirou ami, partout, toujours.
Un numéro réalisé en urgence. "Ce numéro, explique le rédacteur en chef Frédéric Niffle, joint par Europe 1, a été décidé dès mercredi. Il a été bouclé dans la nuit de dimanche à lundi". Résultat : 52 pages, sous forme d'une édition spéciale. La deuxième, dans l'histoire de Spirou, à réagir à l'actualité, après un numéro historique en 2011 pour "sauver la Belgique" en pleine crise politique.
150 dessinateurs pour un "numéro de combat". "Cette nouvelle m'a tellement brisé, raconte Frédéric Niffle, qui avait rencontré tous les dessinateurs assassinés à Paris. Mais quand vous recevez un choc, soit vous pleurez dans votre coin, soit vous vous mobilisez".
Ainsi, 150 dessinateurs ont répondu à son appel pour rendre hommage à l'esprit Charlie, avec notamment un reportage BD dans les locaux de Libération ou des paroles de caricaturistes algériens. Un numéro de combat, pas un numéro de condoléances, indique le journal.